POURQUOI ÉTUDIER L'HISTOIRE DE L'ÉGLISE?
POURQUOI ÉTUDIER L’HISTOIRE ECCLÉSIALE?
I.
Pour mieux comprendre notre identité en tant
que Chrétiens[1]
Anecdote: « Nous ne sommes pas des Protestants;
nous sommes des Chrétiens »
Il y a plusieurs années de cela, j’ai fait une étude biblique dans une église évangélique. Lors de mon étude, j’ai fait référence à Martin Luther, Jean Calvin et Ulrich Zwingli (des Réformateurs protestants importants du 16e siècle). J’ai dit quelque chose de genre : « Je rends grâce à Dieu pour l’œuvre des Réformateurs protestants qui ont fait en sorte que nous ayons la Bible dans notre langue à nous. » À la fin de la réunion, on est venu me voir pour me dire que cette assemblée-là ne s’agissait pas d’une assemblée protestante, mais qu’elle s’agissait plutôt d’une assemblée chrétienne… La madame qui m’a faite cette intervention a grandi au Québec et s’est fait dire toute sa vie que les « protestants » étaient des méchants. Au moment donné, quelqu’un l’a évangélisé, en lui disant que l’Église Catholique n’était pas une Église chrétienne, et si elle voulait devenir une (vraie) chrétienne, il lui fallait accepter « l’évangile ». Donc, elle s’est convertie et s’est jointe à une assemblée évangélique (« chrétienne »). Les gens dans l’assemblée à laquelle elle s’est jointe ne s’identifiaient pas comme des « protestants », mais simplement comme des « chrétiens. » Ça va sans le dire qu’on n’avait jamais étudier l’histoire ecclésiale au sein de cette assemblée. Les membres de cette assemblée se voyaient comme étant des « chrétiens » (point) et ils n’avaient aucune notion de l’histoire.
Plusieurs
réflexions découlent de cette anecdote et nous démontrent l’importance
pour nous d’étudier l’histoire de l’Église :
- Premièrement, personne
n’est simplement un « chrétien ». Bien que, dans le milieu évangélique, on
entend souvent les expressions du genre : « Je crois simplement
à la Bible »; « Je suis simplement un Chrétien »;
« J’aime Jésus, c’est tout »; « À mon église, on prêche
simplement le contenu de la Bible », etc., ces affirmations sont tout
simplement impossibles!
- Deuxièmement,
nous sommes tous « situés » à quelque part : nous
existons à un certain lieu, à une certaine époque, au sein d’une certaine
communauté, avec des croyances qui lui sont propres, une communauté dont
les origines se trouvent dans certains événements qui sont arrivés dans
certains lieux à une certaine époque.
Même si la communauté à laquelle on appartient n’est pas consciente
de ses origines historiques, ça ne change aucunement le fait que chaque
communauté vient de quelque part, même si l’assemblée en question est
indépendante et a été implantée hier par quelqu’un qui n’est pas ordonné
(comme « pasteur ») par une dénomination quelconque. Même une personne qui implante une église
dans de pareilles circonstances a été influencée par des penseurs/auteurs
quelconques, qui eux, ont été influencées par d’autres, et ainsi de
suite. Nous sommes tous
conditionnés par l’histoire.
- Nous croyons ce
que nous croyons à cause des événements, des personnes et des idées qui
nous ont précédés.
En voilà quelques exemples :
- Nous sommes là
aujourd’hui parce qu’il y a presque 2,000 ans de cela, un jeune homme
juif est allé voir son cousin dans le désert Judéen et lui a dit :
« Baptise-moi ».
- Nous sommes là
aujourd’hui parce que, quelques années après le baptême du jeune
galiléen, un autre jeune homme juif a eu une vision alors qu’il voyageait
de Jérusalem à Damas et a décidé ensuite de consacrer le reste de sa vie
à la promulgation du message au sujet de Jésus de Nazareth parmi les
païens et de former des communautés de gens qui croyaient en Jésus le
Messie.
- Nous sommes là
aujourd’hui parce qu’il y a presque 500 ans de cela, un jeune moine
allemand a décidé, suite à son étude des Écritures, de remettre
l’autorité du Pape en question.
Son geste a changé le cours de l’histoire et du monde à jamais.
- Nous sommes là
aujourd’hui parce qu’il y a presque 200 ans de cela, une femme suisse (Henriette
Feller) est venue au Québec afin d’évangéliser les habitants des
Cantons de l’est, a fondé un centre de formation ainsi que des œuvres
sociales.
- On pourra dire que nous sommes là grâce aux décisions qui ont été prises par, entre autre, Jésus, Paul, Martin Luther et Henriette Feller.
- L’histoire chrétienne : une affaire théologique
- Histoire & théologie : On constate
rapidement en étudiant la foi chrétienne qu’on ne peut pas faire une
distinction nette entre l’histoire et la théologie; c.-à-d.
entre le record d’événements publics et le discours sur Dieu. Après tout, le Dieu biblique se révèle (surtout)
à travers deux événements historiques primordiaux: l’Exode (la
sortie) des esclaves Israélites de l’Égypte et la mort de Jésus de
Nazareth sur une croix romaine.
Autrement dit, on sait qui est Dieu grâce aux événements qui se
sont déroulés dans la sphère publique de notre monde.
5.
Pourquoi étudier l’histoire de
l’Église en tant que Chrétien protestant évangélique appartenant à la
tradition baptiste?
- Il me semble qu’en tant qu’évangéliques,
on a une tendance de mettre l’emphase sur l’histoire de notre vécu
personnel avec Dieu (notre témoignage) plutôt que sur l’histoire
des événements ayant rapport avec l’Église qui se sont déroulés lors des
derniers 2,000 ans. Encore là,
quel est le besoin ou l’utilité de savoir ce qui est arrivé dans le passé
lointain? Peut-être on se
dit : Je veux juste vivre pour Dieu maintenant.
II. Pour mieux comprendre qui est Dieu
§
Il y a plusieurs passages dans la Bible qui
racontent l’histoire (complète) du peuple de Dieu (jusqu’au moment de la
rédaction du passage en question): Dt. 1-10; 1 Sm. 12; 2 Rs. 23.1-3; Pss. 78;
106; 136; Ac. 7, etc.
§
Chaque fois qu’il y avait une crise au sein du
peuple, on racontait l’histoire des grands actes de Dieu en faveur d’Israël (voir
Ac. 2.11), et (souvent) la désobéissance du peuple. Par l’entremise des Psaumes, on chantait même
l’histoire d’Israël, c.-à-d. l’histoire des grands actes de délivrance que
Yahvé avait opérée pour son peuple. Pour
bien comprendre pourquoi les Juifs semblaient être obsédé avec l’histoire, il
nous faut comprendre que la compréhension qu’avaient les Juifs de Dieu
était intimement liée à l’histoire.
o On pourra dire que l’Ancien
Testament s’agit de l’histoire du peuple de Dieu avant J.-C. (les
descendants d’Abraham, Israël, les Juifs) à partir de l’appel d’Abraham, suivi
par l’Exode d’Égypte, la conquête de la terre promise, la monarchie, l’exil en
Babylone, le retour de l’exil, la suite d’empires païens qui ont dominés sur le
peuple de Dieu (Babylonien, Perse, Grec, Ptolémaïque [Égyptien-Helléniste],
Séleucide [Syrien-Helléniste], et finalement, Romain).
o
On pourra dire que le Nouveau Testament
s’agit du commencement de l’histoire du peuple de Dieu après J.-C.
(l’Église, le peuple de Dieu renouvelé dans le Messie) et que « l’histoire
de l’Église » s’agit de la suite de l’histoire de Dieu et son
peuple (l’Église).
A.
Dieu se révèle dans l’histoire d’Israël
Quel dieu? (le Dieu d’Israël)
- Qu’est-ce qu’on
entend par le mot « Dieu »?
…même à l’époque biblique, il y avait des centaines de dieux et
de divinités; chaque nation
avait son panthéon de dieux et de déesses (voir Nombres 33.4; Dt.
6.14; 10.17; Ex. 15.11; Ps. 82.1; 86.8; És. 43.12; 45.22; 46.9).
- La Bible prétend
nous parler du seul vrai Dieu, le Créateur et le Rédempteur de
l’univers ainsi que son peuple, les descendants d’Abraham d’abord
(bien qu’il y avait d’autres aussi!), devenu ensuite le regroupement des
descendants d’Abraham par la foi (provenant de toutes les
nations : voir Galates 3.14; Rm. 4; Gn. 12.1-3).
- Voilà : la
Bible est l’histoire du vrai Dieu et son peuple!
- mais quel
dieu, et quel peuple, au juste?
Le livre de l’Exode nous pourvoit des réponses à ces
questions :
- le vrai Dieu est celui qui a
délivré les enfants d’Israël (Jacob) de l’esclavage en Égypte.
- le peuple du
vrai Dieu est celui qui a été délivré par ce dernier.
- Comme ça, le
livre de l’Exode pose les fondements pour tout ce qui suivra dans
le récit biblique, à savoir l’identité du vrai Dieu et de son peuple…
Un Dieu qui se révèle
- L’Exode (la
sortie) d’Égypte = l’évènement le plus important de l’Ancien
Testament, second en importance seulement à la
crucifixion/la résurrection de Jésus parmi les évènements du récit
biblique :
- Voir Pss. 78; 81;
105; 106; 114; 135; 136; Néh. 9; Dan. 9; És. 40-55; Ac. 7, 13; Rm. 6-8; 1
Cor. 10; 2 Cor. 3-4; Hébreux 3-4, 9-11; Apocalypse, etc.
- le Nouveau Testament fait souvent
référence à (l’imagerie de) l’Exode :
- pour démontrer que Jésus
« partage » le vécu de ses ancêtres (Lc. 3.21-22, 4.1-13; Mt.
3.13 – 4.11)
- Pour décrire la crucifixion de Jésus comme
étant un nouveau « exode, » voir un « baptême » (voir
Mc. 10.38-39; Lc. 9.31; 12.50)
- Pour parler de la conversion (Col.
1.13-14; Galates 5.1)
- Pour faire un parallèle entre le baptême
des croyants et la traversée de la Mer rouge (voir 1 Cor. 10.1-2;
Romains 6.1-14).
- C’est dans
l’événement de l’Exode d’Égypte ainsi que celui de la
crucifixion de Jésus qu’on découvre qui est Dieu (ils
s’agissent d’évènements théologiques); Dieu
« s’identifie » en rapport avec ces deux évènements :
- YHWH se révèle à
travers l’Exode d’Égypte
- « JE SUIS
le Dieu qui t’a fait sortir d’Égypte » (Ex. 20.2;
29.46; 32.11; Lév. 11.45; 19.36; 22.33; 25.38, 55; 2 Sam. 7.23; 1 Rois
8.53; Jér. 11.4; 34.13)
- avant l’Exode,
le seul vrai Dieu était connu comme « le Dieu d’Abraham, d’Isaac
et de Jacob » (voir Ex. 3.6, 15-16)
- la raison pour
laquelle Dieu a délivré les Israélites de l’esclavage était de démontrer
sa fidélité à l’alliance qu’Il avait conclue avec Abraham, Isaac
et Jacob (voir Ex. 2.24).
B.
Dieu se révèle dans la personne de Jésus
La révélation ultime du Dieu
biblique dans l’histoire s’agit de la personne de Jésus de Nazareth. Le terme théologique pour cette réalité est
l’ « incarnation » (voir Jn. 1.1-18, 14.7-9; Col. 1.15; 2 Co.
4.4, etc.).
- YHWH se révèle à
travers la croix de Jésus
- voir 1
Corinthiens 1.23-24; voir aussi Éph. 2.16; 2 Cor.
5.14-19; 4.6; Jean 1.14; 14.9; Col. 1.15; Hébreux 1.1-3, etc.
- Dans sa 2e épître aux
Corinthiens, l’apôtre Paul nous dit que « Dieu était en
Christ » lors de la crucifixion, « réconciliant le monde avec
lui-même » :
- « Car l'amour de Christ nous presse,
parce que nous estimons que, si un seul est mort pour tous, tous
donc sont morts; et qu'il est mort pour tous, afin que ceux qui vivent
ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et
ressuscité pour eux…Car Dieu était en Christ, réconciliant le
monde avec lui-même, en n'imputant point aux hommes leurs
offenses… » 2 Cor. 5.14-15, 19
- Dans l’évangile
selon Jean, Jésus parle de sa mort sur la croix comme étant
une « élévation »; c’est un jeu de mots, car bien que Jésus
soit littéralement « élevé » au-dessus de la terre en étant
crucifié, Jésus parle (paradoxalement) de sa crucifixion comme étant un
moment de « gloire, glorification »
- c.-à-d. la
croix s’agit d’une révélation de la gloire de Dieu qui demeurait dans
le lieu très saint du tabernacle/du temple à l’époque de l’Ancien
Testament; voir Mc. 15.38 où le voile qui séparait le lieu très saint du
Temple du reste du sanctuaire (afin de cacher la gloire de Dieu) est
déchiré au moment où Jésus décède…
- « Et
la parole a été faite chair, et elle a habité (littéralement :
« tabernaclée ») parmi nous, pleine de grâce et de vérité; et
nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme la gloire du Fils unique
venu du Père… Jésus leur répondit: L'heure est venue où le Fils de l'homme
doit être glorifié. En
vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé qui est tombé en
terre ne meurt, il reste seul; mais, s'il meurt, il porte beaucoup de
fruit… Et moi, quand j'aurai été élevé de
la terre, j'attirerai tous les hommes à moi. En parlant ainsi, il indiquait de
quelle mort il devait mourir…
Et
comme Moïse éleva le serpent dans le désert, il faut de même que le
Fils de l'homme soit élevé, afin que quiconque croit en lui ait la
vie éternelle… Jésus leur répondit: Détruisez ce
temple, et en trois jours je le relèverai. Les Juifs dirent: Il a fallu
quarante-six ans pour bâtir ce temple, et toi, en trois jours tu le
relèveras! Mais il parlait du
temple de son corps… » Jean 1.14; 12.23-24, 32-33; 3.14-15;
2.19-21
C. L’Église sonde et transmet la révélation, ainsi
formant sa Tradition
Suite à sa révélation dans l’histoire
de la nation d’Israël et à son incarnation (historique) dans la personne
de Jésus de Nazareth, le Dieu qui se présente à nous dans les Écritures et la
personne de Jésus nous est connu également par l’enseignement de l’Église à
travers son histoire. Cet enseignement
est connu sous le nom de « la Tradition » et est composée de
plusieurs éléments :
L’interprétation de la Bible. Être chrétien ne s’agit pas simplement du
fait de « croire dans la Bible ».
Non : être Chrétien implique une certaine lecture de la Bible. Tout d’abord, les Chrétiens lisent l’Ancien
Testament d’une manière très différente des Juifs. Et les Juifs et les Chrétiens lisent ce même
texte, et pourtant le Judaïsme et le Christianisme en retirent un sens très
différent![2] Les Chrétiens lisent l’Ancien Testament à la
lumière de la mort et la résurrection de Jésus (événements compris comme étant
l’ « accomplissement » des Écritures), alors que les Juifs ne
prennent pas Jésus en considération lorsqu’ils lisent leurs Écritures.
Et le Nouveau Testament? Sûrement, il n’y a pas de différences entre
les Chrétiens sur comment on devrait lire et comprendre ce texte? En fait, même le Nouveau Testament pose
problème.[3] Par exemple : bien que le Nouveau
Testament témoigne de la divinité de Jésus, il y a des versets qui semblent
vouloir dire que Jésus (le Fils) est inférieur à Dieu (le Père) : Jn.
14.28, par exemple. Ou encore, certains
versets semblent dire que le Fils a été créé à un certain moment précédant
l’incarnation[4]
(voir Col. 1.15). Comment
justifier l’affirmation que Jésus est pleinement divin, qu’il existe depuis
l’éternité (et n’a jamais été créé par le Père), et pourtant qu’il a son
identité propre au sein de la divinité?
Finalement, qui sait qui est Jésus véritablement et qui a l’autorité
d’enseigner cela à l’Église comme étant la vérité (au sujet de la
personne de Jésus)? C’est maintenant que
le besoin d’une interprétation de la Bible ayant une autorité sur l’ensemble
des Chrétiens se fait ressentir ainsi que des formulations qui
définissent clairement le contenu non-négociable de la foi chrétienne.
Doctrine chrétienne. Suite à leur croyance dans la divinité de
Jésus, ce qui est particulier dans la compréhension chrétienne de Dieu est la
doctrine de la Trinité – la croyance que Dieu existe en trois
personnes mais demeure pourtant un seul Dieu. Dans ce sens-là, on pourrait dire que la
doctrine chrétienne de Dieu (théologie, dans le sens propre du mot)
n’était pas complète avant que les évêques du Concile de Constantinople (381
ap. J-C) aient publié leurs formulations qui se trouvent dans « le symbole
de Nicée-Constantinople ». Suite à
ce moment-là, afin d’être considéré un véritable chrétien, il fallait croire
dans l’enseignement du Concile. Les
formulations, anathèmes et symboles des conciles servaient comme des
« marques identitaires » des vrais chrétiens. En fait, chaque doctrine chrétienne est
composée des donnés bibliques ainsi que l’interprétation de ces données qui
s’est fait en termes du contexte intellectuel et culturel de l’époque où la
doctrine a été formulée originellement.
Tradition orale. La notion de « tradition », c.-à-d.
la transmission des enseignements apostoliques d’une génération à une autre, se
trouve à maintes reprises dans le Nouveau Testament (ex : Rm. 6.17; 1
Co. 11.2, 23; 15.3-7; 2 Tm. 2.2, 3.10; Phil. 4.9; Jude 3, etc.). Suite à la révélation de Dieu dans les
Écritures et dans la personne de Jésus, l’Église cherche à sonder le sens de
cette révélation; d’abord, pour établir une identité claire pour l’Église
véritable et ensuite, pour raisonner à la lumière de la révélation. Aussi, dès les débuts de l’Église, beaucoup
d’enseignements essentiels à la vie commune des assemblées locales, bien qu’ils
fussent connus de la plupart des Chrétiens, ne se sont jamais trouvés dans un
texte du canon du Nouveau Testament. Par
exemple, où se trouvent les passages qui nous disent comment faire un culte, comment
baptiser quelqu’un, comment célébrer le repas du Seigneur, combien de chants on
devrait faire, combien de temps la prédication devrait durer, etc.? Encore là, nos propres traditions
contemporaines deviennent très évidentes lorsqu’on on constate jusqu’à quel
point on néglige les éléments du culte qui se trouvent justement dans le
Nouveau Testament (ex : 1 Co. 14.26-33; 1 Tm. 4.13, etc.)!
Textes extra-canonique. Encore là, aux débuts de l’Église,
« la Bible » des premiers chrétiens était ce qu’on appelle l’« Ancien
Testament ». Les documents du
Nouveau Testament ont été rédigés lors des deux premières générations de
l’Église (dans un sens large, on peut même parler des documents du Nouveau
Testament comme faisant partie de la Tradition chrétienne!). Cependant, le canon du Nouveau Testament n’a
pas été « fermé » avant le 4e siècle apr. J-C! Pendant les trois premiers siècles de
l’Église, les Chrétiens lisaient, lors du culte, des textes juifs qui ne
se trouvent pas présentement dans l’Ancien Testament des Bibles
protestantes. Les premiers chrétiens
lisaient la traduction grecque de l’Ancien Testament (« des
Septante » : LXX). Cette
version grecque des Écritures juives contenait des livres qui ont été rédigé
lors de la période du 2e Temple (les livres
« deutérocanoniques » : les livres des Maccabées, le livre de Tobit,
etc.). Aussi, lors des premiers siècles
de l’ère chrétienne, dans les églises, on lisait des textes chrétiens
qui n’ont pas été inclut finalement dans le canon du Nouveau Testament (ex :
Le Pasteur d’Hermas, la Didache, etc.). Une conclusion importante découle de cette
discussion : aux débuts de l’Église, les Chrétiens avaient plusieurs
sources d’autorité : les Écritures juives (Ancien Testament), la
tradition orale (l’enseignement des apôtres qui n’a pas été mis par écrit), les
lettres venantes des apôtres (ex : aux Galates)[5], des
évangiles et d’autres textes chrétiens qui étaient en circulation à l’époque.
Tout ça pour dire que les choses sont plus
compliquées qu’on aimerait croire. Le
fait que la tradition existe devrait augmenter notre humilité vis-à-vis notre
interprétation de la Bible, la place de notre dénomination au sein du courant
de l’histoire chrétienne (les derniers 2,000 ans), et devrait nous conduire à
un dialogue avec d’autres traditions chrétiennes – même les églises liturgiques
(qui proclament le symbole de Nicée chaque dimanche)!
[1]
C.-à-d. d’une façon « publique », et non seulement
« théologique »; ex : « Je suis en enfant de Dieu »
s’agit d’une affirmation théologique.
Cette affirmation ne devient pas moins vraie au moment où on sort de
l’église le dimanche après-midi.
Cependant, comment vivre en conséquence du fait qu’on est enfant
de Dieu? Une telle réflexion peut nous
réserver des (belles?) surprises…
[2] Au moins,
ils devraient! Une des ironies du
Protestantisme évangélique est le fait que plusieurs regroupements évangéliques
lisent l’Ancien Testament de la même façon que les Juifs…! Cette tendance se
manifeste surtout chez les groupes qui adoptent le paradigme du
dispensationalisme et le pré-millénarisme.
La question déterminante est celle-ci : jusqu’à quel point Jésus
a-t-il accompli les Écritures juives? (voir Lc. 24.25-27, 44).
[3] Pourquoi y
a-t-il au-delà de 30,000 regroupements protestants, si on lit tous le même
livre…?
[4] Ces
passages, entre autres, ont conduit certaines personnes, dès le 4e
siècle, à nier la (pleine) divinité de Jésus.
Cette hérésie est revenue à la mode au 19e siècle, avec la
fondation de l’organisation « La Tour de Garde » (les Témoins de
Jéhovah).
[5] Il faut se
demander combien de temps est écoulé avant que les Chrétiens d’autres régions à
part de la province romaine de la Galatie ont pu lire l’épître de Paul destinée
aux Galates…
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