« Au-delà des règlements » (St. Luc : jeudi, le 14 juin, 2018 : 1 Rois 18, 41-46; Ps. 64; St. Mt. 5, 20-26)
Le bon côté
du « boot camp ». La plupart d’entre vous sait que l’été passé, j’ai
subi l’entraînement militaire de base, autrement connu sous le nom du « boot camp ». Ce que je vais vous
dire là vous frappera peut-être comme étant un peu bizarre, mais il reste que
le temps que j’ai passé au boot camp s’agissait, au niveau émotionnel et
psychologique, des quatre semaines les
plus paisibles et les plus agréables que j’avais vécu depuis un long moment.
Je vous laisse le soin de tirer vos propres conclusions au sujet de ce que tout
cela révèle par rapport à ma santé mentale… Il reste que pendant l’entraînement,
nous, les 17 candidats du Peloton 35, nous nous trouvions au sein d’une réalité
qui était complètement autre que
celle dont on avait l’habitude de vivre au quotidien. La manière que moi, j’ai
vécu cela, c’était de constater que tous mes soucis, tous mes tracas avaient « disparus »;
la « trame sonore » de ma vie, qui joue constamment dans ma tête d’habitude,
avait arrêtée. Pendant un mois, je n’écoutais que ce qui était diffusé sur les
ondes de l’armée. Je n’avais pas à réfléchir; je n’avais pas à essayer de
résoudre mes problèmes; j’avais tout simplement à suivre mes ordres. En tant que candidats, nous n’avions aucune
décision à prendre; notre routine quotidienne était établie pour nous. Tout à coup, la vie était
devenue extrêmement simple.
Les
règlements & l’amour. Bon, après ces quelques semaines passées à l’abri de
la réalité, il m’a fallu retourner parmi
vous… et ceci est une bonne chose! Il y aura toujours les règlements à
respecter dans la vie, mais au-delà d’une
obéissance machinale, il nous faut – il me
faut – apprendre la responsabilité. C’est-à-dire,
il nous faut apprendre comment aimer. La seule place qu’on peut apprendre l’amour,
c’est au sein d’une communauté. L’amour,
ça s’apprend au sein d’une communauté où les membres sont encadrés par leur foi commune ainsi que des règlements qui sont
parfois sous-entendus, mais où ils sont également libres de se mettre au service les uns des autres. Les règlements
sont là pour « gérer » nos tendances égoïstes et pécheresses; les règlements nous protègent les uns des
autres. Par contre, l’amour nous
inspire à aller les uns vers les autres afin qu’ensemble, on puisse former véritablement
le corps du Christ.
Un sermon exigeant
qui libère. Tout au long de cette semaine – et d’ici la fin du mois – on
lit dans le « Sermon sur la Montagne ». Ces trois chapitres au sein de
l’évangile de St. Mathieu (5 – 7) contiennent un « bloque » d’enseignement
de la part de Jésus qui s’agit des propos qui sont extrêmement difficiles à
vivre et qui ont su inspirer des changements sociaux et culturels importants à
travers le monde. Ces paroles inoubliables qui ont été prononcées il y a 2,000
ans de cela n’ont perdues aucune de leur force; en fait, elles nous proposent
un grand défi chaque fois qu’on en fait la lecture. Dans ce sermon, on retrouve
une explication de comment la loi de Moïse peut être « accomplie »
(voir Mt. 5, 17), comment on peut garder les règlements d’une manière qui va nous conduire à vivre véritablement. Ce sermon
nous invite à concevoir la vie autrement,
à vivre d’une autre manière – non pas
dans la crainte, la concurrence et la violence, mais plutôt dans la confiance,
la compassion et la paix. La vie
telle qu’elle nous est présentée dans ce sermon s’agit d’une existence menée
dans une confiance absolue au Père céleste, une confiance qui nous libère des
soucis, même de l’inquiétude de na pas avoir les choses indispensables à la vie
de tous les jours (Mt. 6, 25-34). Ce sermon nous invite à faire confiance à
notre Père au point de pouvoir se rendre vulnérable
au mal, à la haine, à la violence, sachant que lorsque nous souffrons pour le
bien, nous sommes « heureux » (Mt. 5, 1-12). Ce sermon nous présente
la vie au sein du royaume des cieux, une vie à laquelle on est invité à gouter
alors qu’on se retrouve encore sur la terre. La norme qui régit la vie du
royaume de Dieu est la norme de l’amour
– l’amour pour Dieu et pour les autres (voir Mt. 22, 35-40).
Au-delà des
règlements. Dans ce sermon, Jésus s’adressait à un auditoire qui était
très familier avec le concept de règlements. À l’époque, les scribes et les Pharisiens étaient les spécialistes en matière
de garder les règles, à observer la loi de Moïse. En soi, c’était une très bonne chose! Dieu avait donné sa loi à son peuple
afin que les Israélites puissent vivre harmonieusement en communauté et pour qu’ils
soient un modèle pour les autres nations – bref, pour qu’ils soient le sel de la terre et la lumière du monde
(Mt. 5, 13-16). Mais là, Jésus a dit à ses contemporains : « Si votre justice ne surpasse pas celle des
scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux ».
Jésus nous dit que respecter les règlements, ce n’est pas suffisant. Jésus nous souligne le fait qu’une justice sans
compassion rate le but. « Je ne suis pas venu abolir, mais accomplir »
(Mt. 5, 17), nous dit Jésus. Comme ça, la loi de Moïse se trouve à être, non
pas une fin en soi, mais plutôt un signe, pointant vers une réalité encore plus grande.
Au-delà de
la tolérance. L’évangile d’aujourd’hui contient le premier dans un séries
de six exemples de comment l’impératif d’aimer va au-delà de l’observance de la
lettre de la loi. Jésus commence en citant le 5e des 10
Commandements : « Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens : Tu
ne commettras pas de meurtre » (Mt. 5, 21). Comprenez-moi bien, si vous
avez réussi jusqu’à maintenant à respecter ce commandement, je vous prie de
bien vouloir continuer comme ça, vous faîtes très bien. Mais Jésus nous emmène
plus loin : « Vous avez appris telle et telle chose… Eh bien! Moi, je
vous dis… » Le but du 5e commandement n’était pas simplement
que les membres du peuple de Dieu ne s’entretuent pas! Si nous arrivons à
maitriser cela, c’est déjà quelque chose, mais il y a plus encore. Jésus nous interdit
la colère et les insultes & nous exigent
de nous réconcilier les uns avec les autres. Jésus affirme qu’il y ait un lien
étroit entre notre relation avec autrui et notre relation avec Dieu. Soyez
réconcilié avec les autres membres de la communauté et ensuite, offrez votre
culte à Dieu, nous dit-il. Le pardon et la réconciliation, ça s’apprend. Un premier pas vers la réalisation de ce
commandement, c’est d’avoir l’humilité
de constater notre besoin d’être pardonner par
Dieu. C.S. Lewis a dit qu’ « Être chrétien signifie pardonner ce qui est
inexcusable parce que Dieu a pardonné l’inexcusable en vous ».
Vers la
guérison. L’évangile d’aujourd’hui peut très bien nous faire penser à tous
les petits accrochages qu’on ait pu vivre avec nos sœurs et frères chrétiens –
et c’est bien, nous sommes appelés à vivre la réconciliation parmi nous, ici. Mais
il reste que le pardon et la réconciliation ont emmenés la guérison au sein des
nations ayant été déchirées par la haine et la violence et ont fait en sorte
que des sociétés toutes entières ont pu avoir un avenir. Contentons-nous de
faire mention de toutes celles et tous ceux qui travaillent pour la réconciliation
au Rwanda depuis le génocide de 1994. Depuis maintenant 24 ans, les Rwandais vivent
la réalité de la réconciliation. Pour eux, le pardon ne s’agit pas seulement d’une
idée pieuse – le fait de pardonner fait en sorte qu’un pays tout entier puisse
reprendre vie. Nous avons tous reçu le pardon de Dieu, et nous sommes appelés à
être des agents du pardon tout autour de nous. Mère Teresa a dit : « Si
véritablement nous désirons aimer …
nous devons apprendre à pardonner ».
Que le Seigneur nous accorde le courage de pardonner et ainsi apprendre à
aimer. Amen.
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