“Les adieux du Fils de Dieu” (St. Luc: jeudi, le 10 mai, 2018; Actes 18, 1-8; Ps. 98; St. Jean 16, 16-20)
Un discours prescient. Martin Luther King Jr. est bien connu pour
avoir été le chef du mouvement qui réclamait des droits civils pour les
africains-américains dans les années 1960. M. King s’est inspiré de la pensée de Gandhi
en ce qui concerne la résistance non-violente et a même remporté le Prix Nobel
de la paix en 1964. Malheureusement, aujourd’hui
encore, bien qu’on ait pu témoigner de l’élection d’un président américain de
race noire, la question du racisme est toujours
avec nous. Le 3 avril, 1968, Martin
Luther King a fait un discours dans une église à Memphis, Tennessee. À la fin de son discours, il a pris comme
image celle de Moïse qui, juste avant de mourir, avait monté tout seul au
sommet du Mont Nébo, qui donnait sur la
Terre Promise de Canaan. Bien
entendu, l’histoire biblique des Israélites – ceux qui ont laissé l’esclavage derrière
eux pour entreprendre leur long voyage à travers le désert en direction du pays
de la liberté – avait toujours été très significative pour les
africains-américains. Faisant une
comparaison entre lui-même & Moïse, M. King a terminé son discours avec ces
paroles prescientes :
« J’ai été au sommet de la montagne et j’ai vu la Terre Promise. Ça se
peut que je ne sois pas là au moment où vous y mettrez le pied. Mais j’aimerais que vous sachiez ce soir que
nous, en tant que peuple, nous allons
nous rendre jusqu’à la Terre Promise! »
Le lendemain, Martin Luther
King Jr. a été assassiné…
Un discours divin. Un discours d’adieu de la part d’un leader d’un
mouvement populaire qui tente de préparer son monde pour les moments difficiles
qui s’en viennent. Voilà ce qu’on
retrouve dans les chapitres 13 – 17 de l’évangile de St. Jean. Jésus tente d’expliquer aux apôtres que le
moment de son départ est arrivé, et qu’il va leur falloir continuer sans que
Jésus soit là à leurs côtés. Ce n’est pas évident. Avant même que ce groupe de galiléens ait pu
comprendre qui est l’homme de Nazareth au juste, il leur annonce qu’il va leur quitter. Les apôtres ne saisissent pas ce que Jésus
veut leur faire comprendre.
« Encore un peu de temps, et vous ne me verrez plus ; encore un peu
de temps, et vous me reverrez ».
Voilà la quatrième fois qu’on entende cette phrase-là ce matin – d’abord sur les lèvres de Jésus; ensuite, sur
celles des apôtres; troisièmement, Jésus reprend les mêmes paroles. On peut facilement sympathiser avec les apôtres. Connaître Jésus – au premier siècle comme
aujourd’hui – est souvent chose
étourdissante! Quelques versets plus
tard, Jésus leur dit :
« Je suis sorti du Père, et je suis venu dans le monde ;
maintenant, je quitte le monde, et je pars vers le Père » (16, 28).
Avec ces quelques mots, Jésus
décrit à la fois son origine et son destin.
Dès le début du récit de St. Jean, la question des origines de Jésus a
toujours été cause de controverse (voir Jn. 5, 40-44). Et sa parenté et son lieu d’origine était
sujets de commérages. Jésus s’est fait traiter
d’enfant illégitime, de ne pas savoir
même qui était son père (voir 8, 41-42). La
question du destin de Jésus n’a pas été moins mystérieuse. Tout au long du récit johannique, Jésus
annonce son destin d’une manière cryptique – « Là où moi je vais, vous ne
pouvez pas aller » (voir 8, 21-22). Comme les adversaires de Jésus refusent de « croire
en lui », ils ne peuvent pas comprendre ce que Jésus tente de leur
annoncer à son égard. Comme St. Augustin
l’a dit, « Je crois afin que je
puisse comprendre » (« credo ut intelligam »).
Le mystère de la vie. En fait, la
vie de tout être humain commence et termine avec un mystère – au commencement, celui
de la naissance, et à la fin, celui
de la mort. Dans le cas de Jésus, les mystères se multiplient.
Jésus – bien qu’il soit tout à fait homme – tire son origine chez celui
qui appelle « Père ». Aussi, le
destin de Jésus se trouve chez le Père. Jésus
exhorte les gens de « naître d’en haut » (« de nouveau ») afin
de pouvoir participer dans la relation intime qui existe entre lui et le Père,
et qui est facilitée par l’Esprit. La
vie « d’en haut » - la vie « éternelle » - s’agit de la vie de Dieu lui-même. C’est une « vie » - une « qualité
d’existence » - que seul le Créateur
peut nous accorder. La vie « d’en
bas » s’agit de l’existence expérimenté par ceux qui se rebellent contre
le Créateur. De maintes manières à
travers l’évangile de St. Jean, Jésus enseigne qu’on ne peut pas mener la vie « d’en
haut » sans lui. Dans le chapitre précédent, Jésus avait dit aux
apôtres: « …en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire » (Jn. 15,
5). Jésus offre au monde sa chair et son sang comme nourriture
(voir le chapitre 6), et il promet aux gens de leur donner l’eau vive de l’Esprit (voir les chapitres 4 et 7). Comme on ne peut pas mener la vie « d’en
bas » sans manger et boire, ce nous est impossible de mener la vie « d’en
haut » sans « demeurer » en Jésus, la vraie vigne, sans se nourrir de Jésus lui-même et sans s’abreuver de l’Esprit que Jésus nous envoi
d’auprès du Père. Jésus se trouve à être
l’agent de la vie divine, il est le don du Père offert au monde.
Chez mon père. Au chapitre 13 de l’évangile de St. Jean, Jésus
rassemble les apôtres pour qu’ils puissent fêter la Pâque. Jésus, tout comme Martin Luther King, savait ce
qui l’attendait. M. King, lui, avait rêvé
d’un monde sans racisme, une « Terre
Promise » où les gens ne seraient pas jugés « à cause de la couleur
de leur peau, mais plutôt à la mesure de leur caractère ». M. King savait que le chemin qui était pour
mener son peuple vers ce nouveau monde sera un « chemin de croix ». On voit cette réalité assez souvent dans les
nouvelles. Jésus, pour sa part, est venu
inaugurer la nouvelle création de Dieu.
Jésus – « le verbe »
créateur de Dieu qui s’est fait chair – est venu lancer ce nouveau monde. Et le
chemin qui menait vers ce monde devait passer par la croix et la résurrection. Nous qui sommes le peuple de Dieu, nous sommes
toujours « en chemin » vers l’accomplissement final des projets de
Dieu de compléter son œuvre de création. Ce n’est pas un chemin facile. Les médias nous disent certaines choses qui se passent dans le monde, assez pour nous donner l’impression que ça va mal. Encore là, les choses ne se passent pas
souvent d’une manière facile dans nos vies
personnelles. Nous sommes un peuple qui chemine dans l’espérance
qu’il y a une joie éternelle qui nous attend « l’autre côté » du
rideau qui sépare la terre et le ciel. Au
chapitre 14, Jésus avait dit aux apôtres :
« Pour aller où je vais, vous
savez le chemin. » Thomas lui dit : « Seigneur, nous ne savons pas où
tu vas. Comment pourrions-nous savoir le chemin ? » Jésus lui répond : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la
Vie ; personne ne va vers le Père sans
passer par moi. Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père »
(14, 4-7).
Jésus est le chemin. Jésus nous promet que si nous partageons les souffrances de sa croix, nous
partagerons également la gloire de sa
résurrection. Cheminons avec
confiance alors que l’Esprit de Jésus nous habite et nous fortifie. Amen.
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