“Lâchez prise & réjouissez-vous!” (St. Luc: dimanche, le 17 décembre, 2017; Is. 61.1-2, 10-11; Lc. 1.46-50, 53-54; 1 Thess. 5.16-24; Jn. 1.6-8, 19-28)



Que fais-tu là?  Chaque été entre les années 2012 – 2016, j’ai travaillé en tant qu’aumônier civil auprès des cadets dans des camps d’été à Valcartier, au nord de la ville de Québec.  Un endroit très important pour des responsables des jeunes cadets, c’est bel et bien le mess des officiers, un type de salon avec des chaises confortables, l’air climatisé, des tables de billards et de ping-pong et, la chose la plus importante, un bar.  L’accès à cet endroit privilégié est jalousement protégé.  Seuls les officiers des Forces canadiennes, ainsi que des instructeurs civils embauchés temporairement par les Forces, sont permis d’accéder à ce sanctuaire de la relaxation.  Il y a quelques années de cela, lors de la première semaine du camp, j’étais assis dans un coin du mess, habillé en civil, avec mon ordinateur portable, en train de profiter de WiFi gratuit.  Tout à coup, un officier en uniforme, s’est approché de moi en me demandant d’un ton direct qu’est-ce que je faisais là.  Je n’avais pas saisi immédiatement le sens de sa question, et j’ai répliqué tout simplement que je rédigeais des courriels.  Comme cette réponse ne semblais pas lui satisfaire, et là j’ai réalisé qu’il me prenait sûrement pour un employé de la cuisine que s’était ambitionné pour venir s’installé dans le mess.  Comme l’officier devenait de plus en plus agité, je lui ai expliqué que j’étais, en fait, l’aumônier du camp.  Sur ce, l’officier a fait demi-tour et m’a laissé continuer à envoyer mes courriels dans la paix.
Le monde de Jean.  Quelque chose de semblable prend place dans l’évangile d’aujourd’hui.  Jean le Baptiste est bombardé de questions : « Qui es-tu », « Que dis-tu de toi-même? », « Justifies ton existence! »  Alors qu’on pense à Jean le Baptiste, on pense à quel genre de personne?  Peut-être on imagine quelqu’un qui est un peu fou, déprimé, même dangereux?  Peut-être en pensant à Jean, l’image d’un prédicateur enflammé nous vient à l’esprit.  Je vous propose ce matin que Jean le Baptiste était bel et bien une personne joyeuse.  Mettons-nous en scène – les événements de l’évangile d’aujourd’hui prennent place parmi le peuple de Dieu en Palestine au premier siècle.  Tout comme nous, qui sommes censés adopté une attitude d’espérance lors de la saison de l’Avent, les membres du peuple de Dieu il y a 2,000 ans de cela étaient censés, eux aussi, d’attendre attentivement pour quelque chose ou bien pour quelqu’un.  Les Juifs au premier siècle avaient une Bible – le recueil de textes qu’on appelle l’ « Ancien Testament » - et leurs Écritures étaient pleines de promesses merveilleuses au sujet du moment futur ou Yahvé, le Dieu d’Israël, visitera son peuple encore une fois pour lui sauver.
On a déjà entendu cela.  Bon, des siècles se sont écoulés depuis que ces promesses avaient été faites.  La vie avait continué son chemin – la réalité difficile d’essayer de survivre à travers les récoltes et les troupeaux, tout en ayant à payer des taxes exorbitants et en étant subjuguer aux humiliations quotidiennes découlant du fait qu’on était un peuple conquis habitant un territoire occupé par l’ennemi.  Fois après fois, on avait donné de l’espoir au peuple de Dieu – et fois après fois, le peuple avait été déçu.  D’un côté, il y avait plusieurs personnes qui étaient devenus sceptiques au sujet de la possibilité que les promesses puissent finalement se réaliser un jour.  Ces gens ont fait les compromis nécessaires avec ceux qui étaient au pouvoir afin d’amasser le plus de richesses et d’influence que possible, tout en accomplissant leur devoir religieux de gérer le culte au Temple de Jérusalem.  De l’autre côté, il y avait les milliers de gens ordinaires qui continuaient à fréquenter la synagogue chaque weekend, les gens qui faisaient des prières et qui essayaient de faire leur possible.  À croire ces gens-là, Dieu fera ce qui lui semblait bon, au moment qui lui convenait.  Entre temps, il y avait des courses à faire, des repas à préparés, des projets à réaliser, des prédications à endurer, etc.
Deux “moins que rien”.  Donc, au milieu de tout cela, un homme bizarre apparaît sur le bord de la rivière du Jourdain, tout en citant des passages bibliques, un homme qui immergeait des gens dans l’eau et proclamait que le grand moment était sur le bord de se manifester!  « Le Seigneur arrive!  Prépares-lui le chemin! »  Pensez à ces personnes qu’on peut voir parfois au centre-ville.  Vous savez de qui je parle – ces gens qui font des prédications sur les coins de rue ou bien se font juste tenir là, tout en tenant une pancarte qui porte un message tel que : « Jésus est la solution! » ou bien  « Repentez-vous! » ou encore « Le Seigneur va retourner bientôt! »  Ça peut nous donner un peu une idée de l’effet que Jean le Baptiste a eu sur les gens de son époque.  Il reste que des foules de personnes se rendaient au désert pour l’écouter!  Éventuellement, ce que Jean faisait est parvenu aux oreilles des autorités religieuses à Jérusalem, et ils ont décidé d’envoyé une délégation à Jean pour voir qu’est-ce que se passait au juste.  Donc, on demande à Jean pour qui il se prend – ses interrogateurs lui questionnent au sujet des grands personnages dont on attendait l’arrivée – le Messie, Élie et « le prophète »?  À chacune de leurs questions, Jean réponds NON.   Jean leur dit, en effet, Je suis un moins que rien.  Je ne suis qu’une voix qui appelle à quiconque  m’écoutera de se préparer pour le retour de Dieu.  Jean continue à frustrer ceux qui l’interrogent; il leur dit, Vous vous êtes trompés.  Ce n’est pas moi – il y a quelqu’un d’autre qui vient.  En fait, il est déjà au milieu de vous, mais vous ne le connaissez pas.  Celui dont vous attendez est là, mais vous risquez d’être surpris quand son identité est finalement révélée.
La joie de Jean.  Encore une fois, moi, j’imagine Jean comme ayant été une personne de joie.  Dans la première lecture, le prophète Ésaïe parle du moment où le messager de Yahvé, ayant été oint par l’Esprit de Dieu, arrive sur la cène; Ésaïe compare la joie que le peuple de Dieu va expérimenter à ce moment-là au bonheur d’un mariage : « mon Dieu… m’aura revêtu des habits du salut …tout comme le marié se pare d’un turban …et comme la mariée s’orne de ses bijoux » (És. 61.10).  Dans le chapitre 3 de l’évangile de St. Jean, des gens viennent dire au Jean le Baptiste que Jésus est en train de baptiser plus de monde que lui.  Jean réplique en disant : « A qui appartient la mariée? Au marié. Quant à l’ami du marié, c’est celui …qui l’écoute: entendre sa voix le remplit de joie. Telle est ma joie, et, à présent, elle est complète. Lui doit devenir de plus en plus grand, et moi de plus en plus petit » (Jn. 3.29-30).  L’arrivée du Seigneur est tout comme les invités dans un mariage qui attendent à la salle de réception pour l’arrivée des mariés.  Les invités savent qu’une fois que les mariés sont là, la fête peut commencer!  Jean avait proclamé, « Le marié est en route! »  Jean avait annoncé que la célébration était sur le bord de commencer.  Il appelait les gens à se préparer de se joindre à la fête!
Créé pour la joie.  Il reste que c’est facile, dû aux circonstances de la vie, de devenir cynique au sujet de l’évangile, la « bonne nouvelle » de la vie, la mort et la résurrection de Jésus.  C’est facile, si vous êtes quelqu’un qui fréquente l’Église depuis longtemps, de trouver ça ennuyant d’entendre le même message année après année.  C’est facile, dû à toutes les manières que les gens autour de nous nous déçoivent, de devenir indifférent à ce que Dieu a fait pour nous en nous envoyant son Fils pour être né comme un enfant humain et d’être indifférent aussi au fait que ces gens autour de nous ont besoin de nous.  Le cynisme, l’ennuie, l’indifférence – ce sont des symptômes d’une condition spirituelle qu’on pourrait appeler la maladie « sornettes et balivernes! », comme dirait Ebenezer Scrooge.  L’antidote à cette maladie s’agit de la joie.  La joie qui découle du fait que Dieu a fait de quoi de complètement inattendu pour réaliser ses promesses; la joie d’être surpris de la bonté et de la générosité de Dieu.  La joie d’expérimenter la justice et la liberté de Dieu.  Après tout, nous avons été créés pour la joie.  Comme C.S. Lewis dirait, « La joie est tout simplement la réalité ».  La joie est ce qu’on désir vraiment, même si nous avons de la difficulté à l’articuler ou à imaginer qu’est-ce c’est au juste.  Il reste que lorsqu’on la vit, on le sait.  Comme a dit St. Augustin : « Tu nous as fait pour toi, Seigneur et notre cœur est sans repos tant qu'il ne demeure en Toi. »  C.S. Lewis a décrit son propre cheminement spirituel comme étant une quête pour trouver la joie.  Alors qu’il réfléchissait sur le message concernant Jésus, Lewis – à sa grande surprise – était rempli d’une joie profonde et irrésistible.  Lewis était parvenu à comprendre que le fait qu’il s’était soumis au Christ, le fait de se charger de sa croix chaque jour, de renoncer à soi et de permettre au Christ de vivre sa vie à travers lui avait comme résultat … la pure joie.
Résister le bonheur.  Parmi les nombreux ouvrages que Lewis a rédigé se trouve un livre intitulé, Le Grand Divorce; il s’agit d’une histoire au sujet de plusieurs âmes qui sont permises de prendre congé de l’enfer afin de pouvoir visiter le Ciel.  Plus encore, dès qu’ils débarquent au Ciel, ces âmes sont présentées avec la possibilité d’y rester s’ils le désirent – ou bien ils peuvent retourner en enfer – à eux de choisir.  Le défi se trouve dans le fait que, pour pouvoir s’épanouir au Ciel, ces âmes doivent lâcher prise de leur orgueil, leur ressentiment, leur colère, leur haine – en fait, de toutes les choses qui avaient faites en sorte qu’ils se trouvent en enfer au prime abord.  Dans cette histoire, malheureusement, la plupart des âmes n’arrivent pas à lâcher prise de leurs chaînes afin de pouvoir expérimenter la joie.  

N.T. Wright, un savant biblique britannique, a dit le suivant: « Créé pour la spiritualité, nous faisons de l’introspection. Créée pour la joie, nous nous contentons avec le plaisir.  Créé pour la justice, nous cherchons à nous venger.  Créé pour être en relation avec les autres, nous insistons sur notre manière de faire.  Créé pour la beauté, nous sommes satisfaits avec les sentiments.  Mais la nouvelle création a déjà commencée.  Le soleil a commencé à se lever.  Les Chrétiens sont appelés à laisser derrière eux, dans le tombeau de Jésus Christ, tout ce qui appartient à la nature brisée et incomplète du monde présent et de suivre Jésus jusqu’au nouveau monde auquel il nous donne accès ».  Que le Seigneur dont nous attendons l’arrivée lors de l’Avent nous donne la grâce d’expérimenter la liberté de la joie véritable.  Le Seigneur vient!  Réjouissons-nous!  Amen.

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