« La mère de l’Église, la communauté de la justice » (St. Luc: jeudi, le 31 mai, 2018; Lettre de St. Paul aux Romains 12, 9-16; Isaïe 12; Évangile de St. Luc 1, 39-56)




Moyens de communication antiques. Connaissez-vous l’histoire de l’origine de la course de 42 km qui porte le nom de « marathon »? En 490 av. J.-C., au dème de la ville d’Athènes appelé « Marathon », s’est déroulé une bataille légendaire entre l’empire perse et une coalition de cité-états grecs. La fameuse « course » est fondée sur une légende qui est issue de la bataille. À croire la légende, un certain Euclès a été envoyé de Marathon à Athènes pour prévenir les habitants de la ville de la victoire de la coalition grecque et qui serait mort d'épuisement à l'arrivée après quelques heures de course.
Des nouvelles stupéfiantes! Évidemment, avant l’apparition du télégramme, de la radio, du téléphone, et ensuite l’internet, il a fallu communiquer les nouvelles importantes de vive voix ou bien par une lettre dont la livraison se faisait par quelqu’un de confiance. En fait, la nature des textes du Nouveau Testament est semblable à celle du message qui a appris aux Athéniens que leurs troupes avaient vaincu les envahisseurs Perses. Les évangiles et les lettres rédigées par les apôtres ne sont pas des textes ayant comme but le divertissement des lecteurs; au contraire, le ton de ces écrits est celui de l’ « urgence », ces écrits contiennent une « bonne nouvelle » qui doit être annoncé avec empressement. C’est justement cela qu’on retrouve dans l’évangile d’aujourd’hui – « Marie se rendit avec empressement …dans la maison de Zacharie… » (Lc. 1, 39-40). Marie a une nouvelle à annoncer à sa cousine, et il n’y a pas de temps à perdre! En fait, Élisabeth, elle aussi, a des choses à raconter à sa jeune parente. Ces deux femmes viennent d’apprendre que les fils qu’elles portent dans leurs seins sont ceux à travers lesquels l’espoir d’Israël sera réalisé!
Espérez la justice. Quel était l’espoir d’Israël au juste? Je suis content que vous ayez posés la question. L’espoir du peuple de Dieu à l’aube de l’ère commune était que le monde devient un lieu de justice. Écoutez ces quelques paroles tirées du 11e chapitre du livre du prophète Isaïe :
« Un rameau sortira de la souche de Jessé …Sur lui reposera l’esprit du Seigneur : esprit de sagesse et de discernement, esprit de conseil et de force …Il ne jugera pas sur l’apparence ; il ne se prononcera pas sur des rumeurs. Il jugera les petits avec justice ; avec droiture, il se prononcera en faveur des humbles du pays… Le loup habitera avec l’agneau, le léopard se couchera près du chevreau, le veau et le lionceau seront nourris ensemble, un petit garçon les conduira… Il n’y aura plus de mal ni de corruption sur toute ma montagne sainte ; car la connaissance du Seigneur remplira le pays comme les eaux recouvrent le fond de la mer. »
Yahvé était le Dieu de justice. Israël, son peuple, était appelé à vivre selon la justice, afin d’être une lumière pour les autres nations du monde. Il restait que souvent, cette foi d’Israël dans le Dieu juste paraissait être de la pure folie, quelque chose qui se ressemblait à un conte de fées pour amuser les enfants naïfs; mais tous ceux qui étaient moindrement avisé savaient très bien que c’était les empires païens qui dominaient sur le monde et qui tournaient en dérision l’idée d’Israël de ce que c’était la justice.
Un chant de victoire. Dans son magnificat, Maire déclare que Yahvé s’apprête finalement à faire justice en faveur de son peuple : « Le Puissant fit pour moi des merveilles… Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides » (Lc. 1, 51-53). Là, Yahvé va remettre les pendules à l’heure.  Les puissants et les riches de ce monde font accroitre leur pouvoir et s’enrichissent sur le dos des petits, des faibles et des affamés. Plus ça change… Avec ces deux femmes enceintes, le royaume de Yahvé se fait présent au sein du monde dominé par les tyrans corrompus, égoïstes, avides et cruels. Enfin, le moment de victoire, de libération & de délivrance est arrivé! St. Luc se sert du thème de « la libération » dans son évangile comme des « serre-livres ». Dans les 2 premiers chapitres, on retrouve des expressions qui évoquent la victoire du peuple de Dieu telle que « la Consolation d’Israël » (2, 25) ou bien « la délivrance de Jérusalem » (2, 38). Dans le dernier chapitre de l’évangile de St. Luc, on retrouve le récit des deux disciples sur le chemin d’Emmaüs, qui disent à l’ « étranger » qui venait de se joindre à eux qu’ils avaient espérés que Jésus de Nazareth « était lui qui allait délivrer Israël » (24, 21). Dans son évangile, St. Luc nous dresse un portrait d’un peuple qui soupire après la justice, une justice qui va lui libérer de la tyrannie païenne.
La communauté de la justice. À travers les deux tomes que St. Luc a contribués au Nouveau Testament, c.-à-d. son évangile ainsi que le livre des Actes des Apôtres, l’évangéliste veut nous faire comprendre que l’espoir d’Israël a effectivement été réalisé. Par contre, ceci ne s’est pas fait par une victoire militaire, une « victoire » qui aurait simplement perpétué le cycle infernal de violence et de vengeance. Au contraire, l’espoir d’Israël a été réalisé, à croire St. Luc, par la mort et la résurrection de Jésus d’abord et ensuite, par la création d’une nouvelle communauté. La communauté de disciples qu’on retrouve dans les Actes des Apôtres est une communauté qui prétend être l’avant-garde d’une nouvelle humanité, une communauté qui tente de faire en sorte que ses membres puissent vivre « autrement ». L’ « Église » qu’on retrouve dans les pages des Actes est un regroupement de femmes et d’hommes qui « change les règles », qui fonctionne, non pas en termes de compétition, de crainte et de violence, mais plutôt en termes « familiaux ». Ce qu’on a entendu dans notre première lecture aujourd’hui, s’agit des « nouveaux règlements » selon lesquels les disciples de Jésus sont appelés à vivre en communauté. C’est comme ça que le mal sera vaincu. Dans le film inspiré du livre de J.R.R. Tolkien intitulé « Bilbo le Hobbit », le magicien Gandalf fait la déclaration suivante :
« Saroumane (un autre magicien) pense que seul un grand pouvoir peut tenir le mal en échec, mais ça n’est pas ce que j’ai découvert. Je crois que ce sont les petites choses, les gestes quotidiens des gens ordinaires qui nous préservent du mal... de simples actes de bonté et d’amour! »
En tant que membres de l’Église dont Marie est la mère, et dont son Fils est le Seigneur, nous sommes appelés à se joindre au combat contre les forces du mal. Nous sommes appelés à apprendre, en communauté, comment devenir des humains qui reflètent véritablement l’image de notre Créateur, et ainsi démontrer au monde la réalité de la victoire de Jésus, la victoire qu’il a remporté sur la croix. Amen.

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