“Acclamons le nouvel empereur” (St. Luc: jeudi, le 26 avril, 2018; Actes des Apôtres 13, 13-25)


Qui est en charge de notre monde?  Qui détermine le sort des habitants de la planète Terre?  Les politiciens?  Les banquiers?  Vous savez, au mois de juin prochain, le sommet annuel du « G7 » aura lieu dans la région de Charlevoix.  Le « G7 », c.-à-d. « le groupe des sept », est un rassemblement des dirigeants des sept pays réputés être les plus grandes puissances économiques du monde.  Mais qui peut prétendre être le plus puissant sur la scène mondiale?  Est-ce celui qui dirige la plus grande force armée, ou bien le pays avec la meilleure économie, ou bien ceux qui disposent de la meilleure technologie?  Dès l’aube des temps, certains peuples, ou bien certains individus, tentent de dominer les autres.  Des grands empires ont contrôlés des vastes territoires, jusqu’à ce qu’ils se font remplacer à leur tour, par le prochain pouvoir impérial.  Pensons aux Perses, aux Grecs, aux Romains, aux Mongols, aux Français, aux Britanniques.  Chaque empire a imposé sa langue, sa culture, sa religion, son idéologie aux autres nations et territoires.  Chaque empire prétendait avoir atteint le sommet du potentiel du genre humain, et aussi d’avoir la responsabilité de « partager » sa civilisation avec les autres.  « C’est pour votre bien qu’on vous subjugue à notre régime. »  En fait, la « patente » impériale a toujours fonctionnée de la même manière – les empires s’enrichissent sur le dos des autres.  Et pourtant, la foi du peuple de Dieu prétendait que la réalité était tout autre.  Écoutez ces paroles tirées du Psaume 46 :
« Car le Seigneur est le Très-Haut, le redoutable, le grand roi sur toute la terre, celui qui nous soumet des nations, qui tient des peuples sous nos pieds ; il choisit pour nous l'héritage, fierté de Jacob, son bien-aimé. » (Ps. 46, 3-5)
À part de l’époque ou David et Salomon régnaient sur Israël, le peuple de Dieu a vécu – la plupart de temps – sous la domination des empires païens.  Donc, qui était en charge, les puissances impériales du Proche Orient Ancien, ou bien Yahvé?  On vivait dans l’espérance qu’un jour, Yahvé enverra son « oint », son Messie, pour sauver son peuple de tous ses ennemis.
Un nouveau Seigneur.  Dans notre première lecture, on trouve l’apôtre Paul et ses compagnons en train de parcourir l’empire romain afin d’annoncer deux choses au sujet de Jésus de Nazareth : premièrement, Jésus était le Roi d’Israël qui a délivré le peuple de Dieu, c.-à-d. il était le Messie.  Deuxièmement, ils annonçaient la « bonne nouvelle » que Jésus était le Seigneur du monde entier.  Pour nous, les mots tels qu’ « évangile » et « Seigneur » relèvent de « la religion », de la liturgie, de la vie de l’Église, qui est plutôt privée.  Mais au premier siècle, la situation était tout autre.  À l’époque de St. Paul, il y avait déjà un « Seigneur » qui régnait sur le monde romain.  Sur les pièces de monnaie qui circulaient dans l’empire romain se trouvait l’image de l’empereur avec ses titres: « César Tibère, fils du divin César Auguste, le Seigneur et Sauveur du monde ».  Comme Auguste avait reçu l’apothéose – c.-à-d. on disait de lui que suite à sa mort, il a intégré le panthéon des divinités romaines – Tibère se trouvait à être « le fils d’un dieu ».  C’était chose courante dans la rhétorique impériale de dire que l’empereur avait « sauvé » le monde en lui apportant la stabilité, la paix, la justice et la prospérité.  Encore là, il avait des statues du César éparpillées à travers l’empire et devant lesquelles on rendait un culte au « génie » de l’empereur.  Au moment de la crucifixion de Jésus, César Tibère régnait comme « Seigneur » sur le monde connu.  C’était chose courante dans l’empire romain de décrire une victoire militaire ou bien l’intronisation d’un nouveau empereur comme étant une « bonne nouvelle », un évangile.  Suite à une victoire sur « les Barbares » ou suite au couronnement du César, les hérauts impériaux se déplaçaient partout dans l’empire pour annoncer l’ « évangile » de l’évènement « heureux ».  Tout ça nous dit que le message annoncé par Paul et les autres missionnaires chrétiens avait deux caractéristiques marquantes – premièrement, l’évangile annoncé par Paul s’agissait d’une nouvelle au sujet des évènements qui s’étaient produits au sein de la province de la Judée.  Pour les premiers chrétiens, le Dieu d’Israël avait remporté la victoire sur le mal, le péché et la mort à travers la crucifixion de Jésus, et la résurrection était le signe que Jésus était bel et bien le Messie d’Israël et donc le Seigneur de toutes les nations.  Deuxièmement, l’évangile de Paul s’agissait d’une remise en question des prétentions de César.  Au sein de l’empire romain, tout comme dans le monde qu’on retrouve dans les Écritures, il pourrait y avoir qu’un seul Seigneur.  Les romains ont très bien compris la signification de ce que les Chrétiens disaient au sujet de Jésus.  Une fois que l’empire a commencé à persécuter l’Église, on avait décidé que l’épreuve qu’on était pour faire subir aux Chrétiens sera celle de les demander de brûler de l’encens devant une statue de l’empereur, comme geste de loyauté et un constat que c’était bien lui qui était le Seigneur.  Beaucoup de Chrétiens sont morts pour avoir refusés de rendre un culte à César, choisissant de demeurer fidèles à leur foi, la foi que leur enseignait que Jésus de Nazareth avait été « élevé à la droite de Dieu, ou il régnait déjà sur l’univers. »
Saul dans la synagogue.  Donc, St. Paul parcourt le monde romain en annonçant que Jésus est vivant et qu’il est Seigneur.  Dans la lecture d’aujourd’hui, Paul et Barnabas se rendent dans la Galatie (le sud de la Turquie).  On voit les débuts d’une habitude chez Paul alors que les deux missionnaires, en arrivant de la ville d’Antioche le jour du sabbat, assistent au culte dans la synagogue.  Une fois qu’on l’invite à prendre la parole, Paul ne commence pas son intervention en parlant de Jésus.  Au contraire, il se met à raconter l’histoire d’Israël à partir d’Abraham jusqu’à l’avènement de Jésus.  Jésus se trouve à être l’apogée du plan de Dieu, un plan qui remonte jusqu’aux débuts des Écritures.  La promesse de plusieurs Psaumes, dont le Psaume 2, était que le roi d’Israël régnera également sur toutes les nations du monde, unissant ainsi tous les peuples dans le royaume de Dieu, le royaume ou se trouvera la véritable justice et la véritable paix.  Un monde, une humanité, un Seigneur, un Dieu.  Voilà la vision qu’animait l’apôtre Paul et qui lui a donné la force et le courage de faire face à toute l’opposition que le royaume de César pouvait dresser contre lui.  Paul avait reçu comme mission d’aller proclamer au monde romain celui qui était son vrai roi, son véritable Seigneur.  Jésus nous a enseigné de prier le Père « que son royaume vienne sur la terre comme au ciel ».  Dans le livre des Actes, on retrouve l’histoire d’hommes et de femmes qui ont pris Jésus au sérieux et qui ont agi en conséquence.  Que le Seigneur Jésus nous accorde le courage d’être ses témoins ici, aujourd’hui.  Amen.

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