“La première fois que Saul de Tarse a été à la messe” (St. Luc: jeudi, le 25 janvier, 2018; Actes des Apôtres 9.1-22)



Un scénario terrifiant.  Imaginez le scénario suivant.  Vous êtes à l’église un jeudi matin.  Vous prenez le temps de prier tranquillement avant le début de la messe; vos yeux sont fermés et votre esprit est tranquille alors que vous vous adressez au Seigneur.  Et là, tout à coup, vous entendez le son de plusieurs voix furieuses juste devant la porte de l’église.  Alors que vous vous retournez pour regarder vers l’entrée, la porte s’ouvre brusquement et un groupe d’hommes armés pénètrent dans l’église.  Vous avez seulement le temps de voir le visage du premier terroriste avant d’entendre des coups de feu; vous vous jetez à terre en-dessous de votre banc, paralysé de terreur.  Vous entendez les hurlements de vos amis qui demandent la grâce à leurs agresseurs.  Après une éternité, le silence retombe… vous attendez encore quelques instants avant de vous relever pour constater ce qui vient de se produire.  Vous scrutez les bancs, en espérant de retrouver vos amis encore en vie – quelques-uns sont encore drôlement assis à leurs places habituelles, d’autres sont élongés par terre, tout à fait immobiles, d’autres encore ont tout simplement disparu …un attentat sur les gens qui prient.  Ce genre de chose ne se produit plus qu’au Moyen Orient.  C’est arrivé en France (été 2016), alors que le Père Jacques Hamel a été assassiné par des militants islamistes alors qu’il célébrait la messe; c’est arrivé en janvier 2017, alors qu’un jeune homme est entré dans une mosquée à Québec et a assassiné 6 musulmans.  Maintenant, retournons vers notre scénario.  Imaginez qu’une fois que la poussière retombe suite à l’attenant contre votre église, la vie retourne tranquillement à la normale.  Encore une fois, vous vous trouvez à l’église un jeudi matin.  Alors que vous faîtes la file pour recevoir la communion, vous jetez un coup d’œil sur la file de communicants à côté de vous.  Vous êtes bouche bée alors que vous reconnaissez le terroriste qui avait attaqué votre paroisse quelques mois auparavant… 
Saul va à la messe.  Pouvez-vous imaginer la première fois que Saul de Tarse a été à la messe?  --non pas pour arrêter et tuer les disciples de Jésus, mais plutôt pour adorer le Seigneur ensemble avec eux en tant que confrère Chrétien?  Pouvez-vous imaginer la peur qui habitait le cœur des disciples à Jérusalem alors qu’ils l’ont reconnu?  « Pourquoi il est tout seul?  Ses hommes se trouvent sûrement justes devant la porte!  Vite, faites évacuer les enfants!  …Qu’est-ce qu’il a dit?  Il croît maintenant en Jésus?  Est-ce qu’il rit de nous?  Ne croit-le surtout pas!  Nous connaissons tous ses trucs!  Les agents du sanhédrin ont déjà infiltré notre communauté par le passé!  Ne donnes-lui pas la communion!  Sortons-le d’ici! »  Bien que tout cela soit une tentative de voyager dans le temps, dans le récit du livre des Actes, St. Luc nous laisse comprendre qu’en effet, la première visite de Saul à l’église de Jérusalem n’a pas super bien été (Ac. 9, 26).  Même avant que Saul soit retourné à Jérusalem en étant maintenant disciple de Jésus, nous pouvons imaginer la réaction des Chrétiens de la ville de Damas…  La semaine passée, cet homme voulait nous trainer en justice devant le Sanhédrin; maintenant, il proclame que Jésus est le Messie?  Comment ça se fait-il?  En-dedans d’une semaine, Saul de Tarse avait été transformé – auparavant un extrémiste juif, déterminé d’éradiquer ces Chrétiens hérétiques, il était devenu un apologète passionné de l’évangile.  Qu’est-ce qui lui était arrivé?  En un mot, Jésus était arrivé.  Tout ce que Saul pouvait offrir en tant qu’explication était l’histoire dont on a fait la lecture tantôt.
Que faisait Saul au juste sur le chemin de Damas?  Alors que les disciples de Jésus continuaient à se répandre, Saul – homme jeune, connaissant, un défenseur passionné de la foi juive – était prêt à tout faire afin d’éliminer ce mouvement néfaste des « Chrétiens ».  Saul n’était pas content de tuer et emprisonner les disciples qui habitaient Jérusalem; il a même demandé l’autorisation des grands prêtres de voyager à Damas afin de repérer les adeptes de la nouvelle « secte » parmi la diaspora juive et de les extrader à Jérusalem afin qu’ils comparaissent devant le Sanhédrin.
Qu’est-ce qui est arrivé au juste sur le chemin?  Dans une scène qui nous rappel l’histoire des deux disciples sur le chemin d’Emmaüs dans l’évangile de St. Luc (24, 32.35), Jésus « se révèle » à Saul alors qu’il s’approche de Damas.  À Emmaüs, lorsque les yeux des deux disciples s’ouvrirent, et ils reconnurent Jésus, il disparut à leurs regards; à Damas, lorsque Jésus se manifeste, Saul est aveuglé.  Rencontrer le Jésus ressuscité est toujours chose mystérieuse.  Saul tombe face contre terre, et pose une question qui se trouve à être la bonne : « Qui es-tu Seigneur? »  On lui répond : « Je suis Jésus, celui que tu persécutes. Relève-toi et entre dans la ville : on te dira ce que tu dois faire ».  Aveuglé par la gloire du Messie ressuscité, Saul passe trois jours dans la noirceur en jeûne et prière.  Pouvez-vous imaginer ce qui se passait entre ses deux oreilles pendant ses trois journées-là?...
« Si ce soi-disant « Messie » a été ressuscité des morts par le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob – alors Jésus de Nazareth est en fait le véritable roi d’Israël – et moi, j’étais en train de persécuter la communauté qui se trouve à être l’accomplissement des promesses de Yahvé »…
Conversion?  Cette histoire se fait souvent appelée “le récit de la conversion de St. Paul”.  Cependant, c’est important de constater que lorsque Saul s’est fait baptisé et est devenu un disciple de Jésus, il n’a pas pour autant changer de religion.  Il est tout simplement arrivé à croire que Jésus de Nazareth était bel et bien le Messie d’Israël.  Tout au long du livre des Actes, cette affirmation est la cause des controverses.  Les disciples de Jésus étaient tous des Juifs, ils lisaient les Écritures juives (c.-à-d. l’AT), et ils faisaient leur culte dans les synagogues et dans le Temple à Jérusalem (même après la mort et la résurrection de Jésus).  L’apôtre Paul n’a jamais cessé d’être un Juif; une fois devenu apôtre de Jésus, il se trouvait à être tout simplement un Juif qui croyait que le Messie promis était venu et avait sauvé Israël et que son nom était Jésus de Nazareth.  
Controverses.  Quelques décennies après que Saul soit devenu un disciple, et alors que de nombreux païens se joignaient à l’Église, il y a eu une séparation nette entre le Judaïsme et le Christianisme.  Il reste que pendant les années qui ont suivi immédiatement la mort de Jésus, il y avait des grandes tensions entre le Judaïsme « orthodoxe » et les disciples de Jésus; les deux groupes lisaient les mêmes Écritures et se disaient tous les deux être le véritable peuple de Dieu.  Voilà pourquoi on trouve tellement de conflits dans le livre des Actes.  Si Jésus était le Messie d’Israël, alors les Écritures ont été accomplies et le moment était arrivé de convoquer toutes les nations à lui être loyales.  Cependant, si Jésus était un démoniaque bercé d’illusions, alors il fallait que cette nouvelle secte soit détruite.  Voilà les seules options possibles.  La mort de Jésus sur la croix semblait favorisée la deuxième option.  C’était effectivement la conclusion à laquelle étaient arrivés les disciples d’Emmaüs – « nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël. Mais avec tout cela » …évidemment, nous nous sommes trompés, il s’est trompé…  Seule la résurrection & la réception de l’Esprit Saint avaient pu faire en sorte que les disciples décident de continuer la mission de Jésus.

Vocation.  Comme d’habitude, lorsque le Jésus ressuscité se manifeste à quelqu’un, la rencontre est un point tournant dans la vie de la personne.  Les choses ne peuvent pas rester pareille qu’auparavant.  Ceux qui ont rencontrés le Seigneur vivant voient toutes choses différemment.  Dès l’instant qu’il avait « vu » le Jésus ressuscité, Saul a tout perdu et, simultanément, il a tout trouvé (voir Phil 3, 4-11).  Sa vie se trouvait à avoir un sens nouvel.  Une fois qu’il s’était relevé, qu’il avait revu sa théologie et s’était fait baptisé, il lui restait qu’une seule chose à faire – prendre la route et répandre la nouvelle que Jésus était vivant et que cette nouvelle était la plus grande que le monde a jamais entendu.  Amen.

Comments

Post a Comment

Popular posts from this blog

GEMS FROM JEREMIAH (38) A Tale of Two Sisters

A 40-DAY JOURNEY WITH THE KING: Lenten reflections from Mark’s Gospel (5)

Mark's Gospel as sequel: Understanding the Backstory, part IV: David (2)