“Écoutez-le!” (Dimanche, le 28 jan. 2018; Dt. 18.15-20; Ps. 95; 1 Cor. 7.32-35; St. Marc 1.21-28)



Il faut y parvenir.  Alors que je faisais mon entraînement militaire de base l’été passé, j’avais l’opportunité – à tous les jours – de voir comment fonctionne justement l’autorité.  Bien sûre, une partie de l’expérience de l’entraînement, c’est de pouvoir développer ses qualités de chef (« leadership »).  Chaque jour, un membre de notre peloton avait l’occasion d’être le « sénior » du cours, c.-à-d. d’agir en tant que liaison entre les instructeurs et les autres candidats.  Naturellement, certains membres du peloton trouvaient cela plus facile que d’autres.  Je me rappelle d’une journée en particulier lorsque nous étions en exercice à une « base d’opérations avancées » dans la forêt.  À ce moment-là, ça faisait 3 semaines depuis le début de l’entraînement; nous étions fatigués, désorientés et nous n’arrivions pas à fonctionner en équipe; pour empirer les choses, le « sénior » ce jour-là était incapable de faire en sorte que nous accomplissions notre mission.  Il reste qu’il y avait une candidate qui, dès le commencement du cours, s’était démarquée comme étant une leader-née.  Cette jeune femme travaille comme infirmière au sein d’une unité de la réserve de l’armée.  Elle avait plus du vécu militaire que nous et était particulièrement douée pour donner des ordres.  En fait, on la trouvait souvent un peu trop efficace à ce niveau-là.  Cependant, ce matin-là, alors que le « sénior du cours » n’arrivait pas à nous communiquer quelle était notre mission et alors qu’on passait beaucoup de temps à rien faire, les instructeurs se sont tournés vers cette femme et lui ont donné un ordre simple et direct : “Make it happen!” (« Il faut y parvenir! Prenez en charge la situation! »).  Effectivement, elle a réussie.  Cette infirmière a capté notre attention, nous a dit quoi faire, et a travaillée à nos côtés.  Nous l’avons écoutée et finalement, nous avons réussi à accomplir notre mission.  L’autorité véritable fait en sorte que les choses avancent, que les choses se produisent.
Il se prend pour qui?  Alors que le récit de St. Marc se déroule, la première chose chez Jésus qui frappe les gens s’agit de son autorité.  L’autorité de Jésus est un grand thème dans l’évangile; ses adversaires la remettent en question du début du récit jusqu’à la fin.  Dans la lecture d’aujourd’hui, Jésus entre dans la synagogue à Capharnaüm et se met à enseigner les Écritures, sans pour autant faisant référence à d’autres « autorités » - Jésus, lui, ne citait pas des interprétations précédentes faites par des rabbins; il disait simplement, « C’est comme ça, point à la ligne ».  Jésus donnait le sens des Écritures de la manière qu’un auteur puisse expliquer le sens de son propre ouvrage.  Et pourtant, Jésus ne disposait d’aucune « lettres de créances ».  Personne – le croyait-on – l’avait autorisé d’enseigner au peuple de Dieu comment comprendre la parole de Dieu ou bien comment se comporter, ou encore, quoi croire.  Personne ne lui avait donné la permission de faire …quoi que ce soit.  Pourtant, partout où Jésus passait, des choses étonnantes se produisaient.  Les gens se trouvaient à avoir une nouvelle compréhension des Écritures, plusieurs ont été libérés des puissances démoniaques, ont été guéris des maladies diverses, ont reçu le pardon de leurs péchés; même la nature était obéissante à Jésus.  Dans le chapitre 4 de l’évangile de St. Marc, alors que Jésus et ses disciples traversaient le lac de Galilée, une tempête est survenue et ils se trouvaient en danger de couler.  Jésus commande aux vents et à la mer de faire silence! …ensuite, Marc nous le dit, « il se fit un grand calme ».  Les disciples dans la barque, tout comme les gens dans la synagogue de Capharnaüm, sont émerveillés et se demandent, « Qui est donc celui-ci? » (4, 41).  Voilà la questionIl se prend pour qui, Jésus?  Jésus dérangeait souvent les gens.  Il ne respectait pas « la manière dont les choses étaient censées fonctionner », « la manière dont les choses se sont toujours passées ».  Il agissait comme s’il devait rendre des comptes à personne …à part, peut-être, Dieu lui-même.
Satan ou Dieu?  Dans le chapitre 2, Jésus déclare à un homme paralysé que ses péchés lui sont pardonnés.  Les théologiens qui se trouvaient dans la foule – c.-à-d. les « scribes » - s’étaient indignés et se disaient entre eux « Qui donc peut pardonner les péchés, sinon Dieu seul? » (2, 7).  Exactement.  Jésus n’avait pas dit au paralysé, « Dieu vous pardonne ».  Cela aurait été assez osé.  Non, Jésus lui avait dit tout simplement, « tes péchés sont pardonnés ».  Jésus ne prétend pas parler pour Dieu.  Jésus parle comme si …il est Dieu.  Jésus parle et agit d’une telle manière que les gens sont obliges à prendre une décision à son sujet – soit que l’homme de Nazareth est bercé d’illusions (ou pire encore), soit qu’il est ce qui prétend être.  Au chapitre 3, Jésus se fait accuser d’agir avec la puissance de Satan.  Voilà comment l’enjeu est grand lorsqu’on parle de Jésus.  Il ne nous laisse que deux options possibles à son égard.  Si on croit que lorsque Jésus agit, c’est Dieu qui agit; si on croit que lorsque Jésus parle, c’est Dieu qui parle – alors la chose à faire c’est de le suivre, lui faire confiance, lui obéir, lui soumettre sa vie toute entière.
Un prophète comme moi.  Notre première lecture aujourd’hui est tirée du livre de Deutéronome, le livre qui s’agit du discours d’adieu de Moïse à la nation d’Israël.  Moïse annonce qu’à l’avenir, Dieu enverra à son peuple « un prophète comme lui » qui dira ses paroles au peuple.  Moïse avait été le prophète par excellence.  Lorsque Yahvé avait révélé sa gloire et avait donné sa loi à son peuple au Mont Sinaï, les Israélites avaient été tellement terrifiés de la présence de Yahvé qu’ils avaient supplié à Moïse de monter seul en haut de la montagne, de communiquer avec Dieu et ensuite leur transmettre son message.  Moïse exhorte le peuple de Dieu d’écouter ce prophète qui viendra.  Le Nouveau Testament affirme à maintes reprises que c’est Jésus qui est celui dont Moïse avait parlé (voir Ac. 3, 22; 7, 37; Jn. 1, 45; 5, 45-46).  Dans le récit de la transfiguration de Jésus, Jésus prends Pierre, Jacques et Jean en haut d’une montagne; ensuite, la gloire de Dieu se met à émaner de Jésus.  Alors que les trois disciples tremblent de terreur, une voix du ciel leur dit, « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! » (Mc. 9, 7).  Le message est clair – Jésus est celui à qui le peuple de Dieu doit écouter.  Il est « le prophète comme Moïse » - en fait, Jésus est beaucoup plus grand que Moïse.  Moïse, nous dit le livre de Deutéronome, était « lui que le Seigneur rencontrait face à face » (Dt. 34, 10); Jésus, nous dit St. Paul, est le visage même de Dieu (voir Col. 1, 15).
Jésus est en charge.  Jésus s’agit d’un personnage assez étrange.  Dès qu’on croit l’avoir compris, il réussit à nous surprendre.  Jésus était le genre de personne dont les enfants appréciaient; pourtant, il n’a pas mâché ses mots lorsqu’il dénonçait l’hypocrisie et la corruption chez les dirigeants du peuple de Dieu.  Une fois, Jésus était tellement rempli de colère qu’il est entré dans la cour du Temple, a renversé les tables et a chassé les gens à l’extérieur avec une fouette; il reste qu’il a su inspiré un tel amour et dévotion chez certaines personnes qu’on lui a lavé les pieds avec des larmes et on les a parfumé.  Soit qu’on aimait Jésus, soit qu’on le détestait.  À travers tout cela, une chose est restée inchangée – Jésus était en charge; il disposait d’une grande autorité.  Il établissait le royaume de Dieu.  Le Créateur régnait à travers Jésus, même en tant que Jésus.
Aucun autre ruisseau.  Jésus est en charge.  Il réclame une autorité absolue sur nos vies.  Ceci peut très bien nous paraître déraisonnable, voire dangereux.  Sûrement, nous sommes en charge de nos vies.  Nous sommes bien capable de nous occuper de nous-mêmes, pas vrai?  Sûrement, nous sommes les maîtres de notre destinée.  Ça pourra nous être utile à ce moment-ci de faire la lecture d’un extrait du livre de C.S. Lewis intitulé Le Fauteuil d’argent, tome # 6 dans la séries Les Chroniques de Narnia.  Une fille nommé Jill arrive au pays de Narnia et se retrouve tout près d’un ruisseau.  Jill constate toute suite qu’elle n’est pas toute seule.  Là, sur le bord du ruisseau, se trouve un énorme lion

« N’as-tu pas soif? », a dit le lion.
« En effet, je meure de soif, » répliqua Jill.
« Alors, viens t’abreuver », a dit le lion.
« Pourras-tu t’éloigner alors que je boive? » Jill a demandé.

La réponse du lion à cette requête s’agissait d’un simple regard accompagné par un doux grognement.  Le son délicieux du ruisseau faisait presque paniquer Jill.

« Me promettras-tu de me faire rien, si j’accepte de m’abreuver? » a demandé Jill.
« Je ne te promets rien », a répondu le lion.

Jill avait maintenant tellement soif qu’elle s’était approchée un peu du ruisseau, bien qu’inconsciemment.

« Manges-tu des filles? », a demandé Jill. 
« J’ai dévoré des filles et des garçons, des femmes et des hommes, des rois et des empereurs, des villes et des royaumes », a dit le lion.

Le lion n’avait pas dit ça d’une manière pour se vanter, ou comme s’il avait des remords, non plus d’une manière fâchée.  Il l’avait tout simplement dit.

« Je n’ose pas m’approcher pour boire », a dit Jill.
« Alors tu mourras de soif », a dit le lion.
« Zut! », a dit Jill, s’approchant encore d’un pas.  « Dans ce cas-là, je présume qu’il me faudra aller chercher un autre ruisseau. »

Le lion lui a répondu, « Il n’y a pas d’autre ruisseau ».  Amen.

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