« L’espérance de ceux qui se trouvent dans l’au-delà » (St. Luc: jeudi, le 2 nov. 2017; Sagesse 4, 7-15; Ps. 26; Rm. 14, 7-12; Jean 6, 37-40)



Qu’est-ce qui nous attend suite à la mort?  Cette question peut nous préoccuper à différents moments de notre vie.  Hier, on a fêté tous les saints/toutes les saintes.  Aujourd’hui, on commémore tous ceux/celles qui ne se comptent pas parmi les saints – du moins, pas encore.  Par le passé, on parlait des « saintes âmes du purgatoire ».  Notre pape « émérite », Benoît XVI, a parlé du purgatoire comme étant la comparution du fidèle défunt devant « le tribunal de Dieu », moment auquel fait référence St. Paul dans notre 2e lecture.  Dans son encyclique, Spe Salvi (2007), le pape Benoît affirme que « le feu du purgatoire » s’agit en fait du Christ lui-même, dont la présence même va purifier le fidèle qui se trouve devant lui pour être jugé (voir I Co. 3, 10-15).  Comme nous disent les Symboles, c’est Jésus qui reviendra pour « juger les vivants et les morts ».
L’espérance de la résurrection.  Dans l’évangile d’aujourd’hui, on retrouve un extrait du long discours de Jésus qui déclare, dans les versets qui précédent notre lecture, « Je suis le pain de vie » (Jean 6, 35).  Jésus souligne la sécurité dont jouit la personne qui lui appartient : « je ne repousserai pas celui qui vient à moi » et encore « celui qui m’a envoyé veut que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés ».  Ensuite, Jésus va encore plus loin : « …mais que je les ressuscite au dernier jour ».  Voilà une phrase qui revient à 4 reprises en-dedans de quelques versets (6, 39, 40, 44, 54).  À la fin de notre lecture, Jésus dit : « …tous ceux qui tournent leurs regards vers le Fils et qui croient en lui, possèdent la vie éternelle, et moi, je les ressusciterai au dernier jour » (6, 40).  Ici on retrouve un écho des deux dernières lignes du Symbole de Nicée : « J’attends la résurrection des morts, et la vie du monde à venir ».  Rendu là, une question peut surgir dans notre esprit : qu’est-ce que la résurrection peut à voir avec la vie éternelle?  Avons-nous ici deux manières de parler de la même réalité, ou quoi encore?  Permettez-moi de faire référence au Catéchisme (article 990) qui nous enseigne que :
« La ‘résurrection de la chair’ signifie qu’il n’y aura pas seulement, après la mort, la vie de l’âme immortelle, mais que même nos ‘corps mortels’ reprendront vie ».
Notre destin : celui de Jésus.  C’est bien ça l’espérance des fidèles défunts qu’on retrouve dans les Écritures.  En fait, le Nouveau Testament ne se préoccupe pas tant avec notre question « Qu’est-ce qui nous attend suite à la mort? »  Ce qu’on retrouve dans le NT, c’est plutôt des affirmations au sujet de ce qui est arrivé à Jésus suite à sa mort, accompagnées de la promesse que ce qui lui est arrivé suite à sa crucifixion va aussi nous arriver.  La « bonne nouvelle » du Messie crucifié et ressuscité ne s’agissait jamais d’un message qui était facile à accepter.  Au premier siècle, c’était « une cause de rejet pour les Juifs et une folie pour les Grecs » (I Co. 1, 23).  Et pourtant, les premiers chrétiens n’ont pas adapté leur message pour accommoder leurs contemporains.  Les premiers chrétiens croyaient vraiment que le Jésus qui a été mis à mort sur la croix – ce Jésus-là – est revenu à la vie.  Encore là, ils croyaient que le Jésus ressuscité ne jouissait pas d’une vie qui était seulement de caractère « spirituelle », mais que le Jésus ressuscité disposait d’un corps tangible, bien qu’il fut transformé et immortel.  Chaque auteur du Nouveau Testament insiste sur ce point.  Le Christianisme tel que l’on le retrouve dans le Nouveau Testament perd tout son sens si on néglige la réalité de la résurrection.  St. Paul, alors qu’il s’adresse aux Corinthiens, ne mâche pas ses mots : « si Christ n’est pas ressuscité, notre prédication n’a plus de contenu, et votre foi est sans objet » (I Co. 15, 14).  Les premiers chrétiens croyaient que le Dieu créateur avait lancé son projet de nouvelle création en ressuscitant Jésus d’entre les morts comme étant « les prémices » de la nouvelle création.  Ils parcouraient l’empire romain en annonçant la plus grande nouvelle que le monde a jamais entendu : le seul vrai Dieu était en train de recréer son monde!  La mort n’aura pas le dernier mot!  Le Dieu biblique est un Dieu de vie et St. Paul nous affirme qu’à la fin, la mort – le dernier ennemi – sera anéantie!
Expérience ou création?  Un sceptique a déjà affirmé que nous nous disposons de 2 siècles d’évidences scientifiques que nous démontrent que les morts restent morts.  En fait, nous avons beaucoup plus que 2 siècles d’évidences qui nous démontrent que les morts ont tendance à rester morts!  Mais voilà le point.  La résurrection de Jésus n’était pas un tour de magie.  St. Paul nous dit que la résurrection de Jésus a été plutôt un acte de nouvelle création.  Le Dieu créateur a lancé son projet de récréer son monde en ressuscitant son Fils d’entre les morts pour lui donner une existence à la fois corporelle et éternelle.  Pour prendre les paroles de St. Paul : « Lorsque le corps est porté en terre comme la graine que l’on sème, il est corruptible, et il ressuscite incorruptible; semé infirme et faible, il ressuscite plein de force et glorieux. Ce que l’on enterre, c’est un corps doué de la seule vie naturelle; ce qui revit, c’est un corps dans lequel règne l’Esprit de Dieu » (I Co. 15, 42-44; Le Semeur).  Cette idée peut nous sembler bizarre – une existence à la fois corporelle et éternelle?  Un corps immortel?  C’est vrai que c’est une idée étrange, mais c’est bien ça que le Nouveau Testament nous affirme.  Voilà l’espérance chrétienne : celle d’habiter un monde nouveau en ayant un corps immortel, tel celui du Christ ressuscité.
Mariage cosmique.  La résurrection de Jésus soulève la question du ciel.  Quel est le lien entre le fait d’ « aller au ciel » suite à sa mort et ce « monde à venir » dont nous parle le Symbole de Nicée?  Au moment donné, alors que j’animais un atelier à l’université, un élève m’a demandé : « Ou est Jésus? »  On dit que Jésus est « au ciel » ou encore « auprès de Dieu », mais qu’est-ce qu’on entend par là?  On pourra demander également : « Ou est Dieu? »
La Bible présume l’existence d’un monde invisible – un monde dont la technologie ne peut analyser, mais un monde qui est bel et bien en communication avec notre monde à nous.  En fait, le dessein de Dieu est que son monde à lui (« le ciel ») soit uni au nôtre (« la terre »).  La vision qu’on retrouve à la fin du livre de l’Apocalypse est celle d’un mariage entre le ciel et la terre.  La nouvelle Jérusalem descend du ciel et Dieu établit sa demeure parmi son peuple ressuscité pour toute l’éternité.  Voilà le destin de notre monde : d’être inondé de la présence de Dieu – du Ciel – et ainsi transformé d’une telle manière qu’il n’y a plus de séparation ni de distance entre Dieu et sa création.  Notre monde et celui de Dieu ne feront qu’un.

Alors que nous prions pour nos bien-aimés défunts, rappelons-nous de notre espérance.  Finalement, c’est bel et bien la vie qui nous attend.  Amen.

Comments

  1. « Ou est Dieu? »
    La science (théorie des cordes) nous dit maintenant qu'il y a au moins 11 dimensions. Nous pouvons seulement voir trois. Dieu existe dans ces dimensions et au-delà.

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