Le récit de la création, les genres littéraires & "la vérité" de la Bible


Il y a quatre ans de cela, j'ai rédigé cette essaie.  J'avais été motivé de l'écrire suite à une discussion que j'avais eu avec un groupe d'étude biblique dans une église.  En fait, la discussion avait été vive, et ce que je leur avait dit au sujet de comment on devrait interpréter le premier chapitre du livre de la Genèse avait suscité des préoccupations chez plusieurs d'entre eux.  Entre temps, j'ai constaté que la question de l'interprétation du récit de la création est toujours un sujet controversé pour beaucoup de chrétiens.  Donc, je "republie" cette réflexion dans l'espérance que ce pourra être utile à ceux qui se demandent comment aborder ce texte biblique parfois difficile à saisir, surtout lorsqu'on le compare avec ce que nous dit les scientifiques au sujet des origines de l'univers.
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     Remarques préliminaires.  Tout d’abord, je vais simplement affirmer quelques points « négatifs » que je vais tenter de démontrer par la suite.  Je fais ceci afin de bien situer la discussion qui va suivre.
1.     Ce n’est pas nécessaire d’adopter une lecture « littérale » du premier chapitre du livre de la Genèse afin de croire dans l’inspiration des Écritures.  Par « lecture littérale », j’entends une lecture selon laquelle le texte de la Genèse nous présente une description de ce qui est arrivé au moment de l’origine de l’univers et que l’univers a été créé dans une période de 6 jours composés de 24 heures chacun.[1]
2.     Le dicton suivant est faux : « La Bible le dit; je le crois; c’est là la fin de la discussion ».  Ce dicton laisse entendre que la Bible s’agit simplement d’une liste de « vérités » (propositions) ou bien des « commandements » et qu’il suffit de les lire et ensuite les croire et/ou les obéir.  Après un moment de réflexion, on constate que les choses ne sont pas aussi simples que cela.  Ce document n’est en aucun sens un manuel d’herméneutique biblique (l’interprétation de la Bible); par contre, je fais ces remarques préliminaires simplement afin de nous faire réaliser jusqu’à quel point la lecture (avisée) de la Bible est un processus complexe impliquant beaucoup de facteurs différents auxquels on porte attention que très rarement (malheureusement).

      I.            L’ "inspiration" des Écritures
     Soufflée de Dieu.  Tout d’abord, un passage biblique qui nous est familier :

« Car toute l'Écriture est inspirée de Dieu[3] et utile pour enseigner, réfuter, redresser et apprendre à mener une vie conforme à la volonté de Dieu.  Ainsi, l'homme de Dieu se trouve parfaitement préparé et équipé pour accomplir toute œuvre bonne » II Timothée 3.16-17 (Bible du Semeur).

     Maintenant, comprenez-moi bien : je crois que ce passage, comme toute l’Écriture, est entièrement vrai et digne de confiance.  Il reste qu’en affirmant ceci, je n’ai pas mis fin à la conversation; au contraire, on vient tout juste de commencer.  Une fois qu’on affirme la véracité de ce passage de l’apôtre Paul (comme pour chaque passage biblique), il nous faut se poser la question suivante : « Dans quel sens ce passage est-il ‘vrai’; dans quel sens l’Écriture est-elle inspirée de Dieu? »
   II.            La Bible en tant que littérature
     Le Coran & la Bible.  Il y a une croyance chez certains Musulmans selon laquelle le Coran est « tombé du ciel », ayant été écrit par Allah (Dieu) en arabe.  Par la suite, l’ange Gabriel aurait dicté ce texte original et « parfait » au prophète Mohammed.  C’est frappant de constater le nombre de Chrétiens qui partagent cette vision de l’inspiration de leurs Écritures (la Bible).  Souvent, on n’a simplement pas réfléchi sur comment Dieu a inspiré la Bible.  Des fois, lorsqu’on nous demande comment l’inspiration des Écritures a eu lieu, on va dire que Dieu a simplement dicté le contenu des Écritures aux auteurs bibliques, qui, à leur tour, auront simplement marqués ce que Dieu leur avait dit.
     Créateur et création.  En réalité, il existe une différence théologique profonde entre la conception musulmane de l’inspiration du Coran et la façon dont la Bible décrit la dynamique entre le Dieu créateur et sa création, et surtout ses créatures humaines (incluant la façon dont le Dieu biblique aurait communiqué sa Parole à son peuple).  Pour l’Islam, Allah est le Seigneur souverain qui gouverne le monde d’une façon absolue et « transcendent »[4] et exige la soumission (« islam ») des êtres humains à sa volonté.  Bien sûr, il y a des parallèles entre cela et l’enseignement biblique au sujet de Yahvé et ensuite, le Seigneur Jésus.  Par contre, ce qu’on découvre dans la Bible est un Dieu qui n’est pas seulement « transcendent » mais qui est aussi « imminent ».[5]
     Parole humaine, parole divine.  Une des façons par lesquelles le Dieu créateur se fait « proche » de sa création est par l’entremise de sa « parole ».  En fait, c’est en parlant que Dieu crée l’univers en Genèse chapitre 1.  Alors qu’on lit la Bible, on constate que la plupart du temps, la « parole de Dieu » était communiquée oralement (les oracles des prophètes, etc.) d’abord, et mise par écrit plus tard.  On peut penser à la phrase qui revient à maintes reprises dans les livres prophétiques : « Ainsi parle le Seigneur (Yahvé) » ou encore, les moments dans les évangiles où Jésus enseigne les foules, et les évangélistes décrivent son enseignement comme étant la « parole de Dieu » (ex : Évangile de St. Luc 5.1).  (L’enseignement de Jésus était la « parole de Dieu » dès l’instant que Jésus a ouvert sa bouche, et non au moment où les évangélistes l’ont mis par écrit.)  Ce même phénomène se trouve dans le livre des Actes des Apôtres (4.31; 12.24, etc.).  La parole de Dieu était effectivement communiquée par l’entremise des paroles humaines.  Les prophètes, Jésus & les apôtres ont parlés, et, nous dit la Bible, les paroles qu’ils ont prononcées étaient les paroles de Dieu.  Ces notions au sujet de la « parole de Dieu » atteignent leur apogée dans le mystère de l’incarnation de la Parole (le Fils) dans la personne de Jésus de Nazareth (Évangile de St. Jean 1.1-18).
     Donc, ce qu’on retrouve dans la Bible est une réalité subtile par laquelle les humains parlent (et écrivent), en étant conditionnés par leurs contextes culturels, historiques, etc. et ayant leurs propres motivations pour communiquer, et qu’à travers cela, le Dieu créateur véhicule son message, et cela à travers toute une gamme de « genres littéraires ».  Donc, le Dieu biblique n’est pas un dieu qui sera intimidé par les motivations et personnalités humaines, ou par les multiples façons qu’ont les humains de communiquer et de s’exprimer.  Au contraire, le Dieu biblique est un dieu qui est tout à fait à l’aise au sein de sa création, un dieu qui s’incarne de multiples façons.[6]  Le Dieu imminent sait communiquer avec son peuple à travers les moyens de communication que son peuple se donne.
     La littérature humaine comme véhicule pour la parole de Dieu.  Depuis que l’écriture a été inventée (vers le 20e siècle avant Jésus-Christ = l’époque d’Abraham), les humains ont fait de la littérature – de l’histoire, de la poésie, on a mis les mythes et les légendes anciennes par écrit (ex : l’épopée de Gilgamesh, etc.), les prophéties, les paraboles, les allégories, les textes « apocalyptiques », les instructions de tous genres, les codes légaux, les lettres et diverses formes de communiquées, les romans, etc.  Comme la Bible est une œuvre complètement humaine (ainsi que complètement divine – le principe d’incarnation), on ne devrait pas être surpris que tous ces genres littéraires se trouvent dans la Bible.  Il ne faudrait pas qu’on fait de la Bible quelque chose qu’elle ne l’est pas, qu’on la réduit à un simple liste de « vérités » abstraites ou de « commandements ».  La Bible est beaucoup plus intéressante que ça parce que la réalité humaine est beaucoup plus complexe que cela.  Tout comme Dieu est devenu humain afin de réaliser son plan de salut, Dieu n’a pas écarté les humains du processus par lequel Il a communiqué avec son peuple.  Non : le Dieu biblique ne s’impose pas « d’en haut »; Il agit en, avec et à travers son peuple, tout en respectant la condition humaine des créatures qui portent son image.  Pensons aux Psaumes : un recueil de poèmes dans (et avec) lesquels les Israélites s’adressent à Yahvé!  En lisant les Psaumes, nous recevons comme Parole de Dieu les paroles que les hommes lui ont adressées il y a des milliers d’années de cela!
     L’inspiration & l’eschatologie.  Encore une fois, c’est notre théologie (notre façon de concevoir Dieu) qui va façonner notre compréhension de l’inspiration biblique.  On a déjà dit qu’en inspirant les textes qui étaient pour devenir la Bible, Dieu ne s’est pas imposé sur les auteurs bibliques; au contraire, Dieu, par son Esprit, a communiqué son message à travers leur message.  On a fait référence à l’incarnation de Yahvé dans la personne de Jésus de Nazareth comme exemple suprême du lien entre Dieu et sa création.  Le Dieu créateur n’est pas en conflit/en compétition avec sa création.  Dieu aime son univers et en Christ, il l’a racheté.  Il va le juger, oui, mais non pas en vue de le détruire, mais plutôt pour accomplir ses desseins en sa faveur (Apocalypse chapitres 21-22; Romains 8.18-25; Actes des Apôtres 3.21, etc.).  Quand Dieu juge, c’est pour protéger sa création de toutes choses qui la nuisent.  Le Dieu biblique n’est pas simplement un Juge cosmique qui nous regarde pour voir si on obéit à ses commandements arbitraires et qui prend plaisir à nous punir si jamais on ne réussit pas à les observer.  Oui, Dieu nous a donné des commandements, mais ces commandements sont là pour notre bien; ils sont là pour assurer l’épanouissement des humains et de la création toute entière.  Ça, c’est le but ultime du Dieu biblique : l’épanouissement de son univers.  L’intention de Dieu n’a pas changé depuis le "commencement" (Genèse chapitre 1: « C’est bon… »).
III.            La Bible & « la vérité »
     On vient de parler de la Bible en tant que littérature.  On vient de voir qu’il n’y a aucune tension entre la doctrine de l’inspiration et le fait que les textes bibliques s’agissent des œuvres littéraires anciennes.  Maintenant, penchons-nous sur ce que nous voulons dire lorsque nous affirmons que la Bible est « vraie ».
     Vérité(s).  Premièrement, il nous faut constater la réalité suivante : il existe plusieurs types de « vérité », chacun pouvant être vérifié d’une manière différente.  Voici quelques exemples :

a)    Vérité mathématique : « 2 + 2 = 4 ».
Cette formule mathématique donne toujours la même réponse.  Il s’agit d’une « vérité » inchangeable.

b)    Vérité relationnelle : « Mon épouse m’aime ».
Cette affirmation est beaucoup plus difficile à vérifier.  On peut seulement la vérifier dans le contexte de la réalité vécue du couple en question.

c)     Vérité phénoménale: « Le soleil s’est levé ce matin ».
Cette affirmation décrit un phénomène naturel qu’on peut observer sans l’aide de la technologie; elle peut être vérifiée en regardant vers le ciel demain matin (pourvu qu’il fasse beau).

d)    Vérités scientifiques[7]:

                               i.            (à comparer avec [c]) « Ce matin, la planète Terre a complété une autre rotation sur son axe et (notre côté de la planète) se trouve encore une fois face au soleil ».
Cette affirmation peut être vérifiée avec l’aide des instruments scientifiques (télescope, etc.) ainsi que les calculs mathématiques. 

                             ii.            « Si on combine 2 atomes d’hydrogène avec 1 atome d’oxygène, le résultat est une molécule d’eau ».
Cette affirmation peut être vérifiée en répétant l’expérience dans un laboratoire.  Si on applique la formule H2 + O, le résultat est toujours H2O (eau).

e)     Vérité journalistique : « cette semaine, le maire de la ville de Laval a démissionné ».
Cette affirmation peut être vérifiée en parlant avec M. Duplessis (en théorie, c’est possible de vérifier cette affirmation personnellement, dû au fait que M. Duplessis est encore en vie).

f)      Vérité historique : « en 1492, Christophe-Colomb a découvert l’Amérique ».
Cette affirmation peut être vérifiée en consultant les textes du 15e siècle (documents officiels, journal personnel de M. Colomb, etc.), à travers les découvertes archéologiques, etc.  Encore là, on ne peut vérifier cette affirmation de la même façon qu’on peut créer une molécule d’eau.  En « vérifiant » cette affirmation historique, on fait confiance au témoignage des textes qui nous décrivent cet événement.

g)     Vérité théologique : « l’univers a été créé par le Dieu dont parle les auteurs bibliques, et qui s’est révélé en et par Jésus-Christ ».
     Ni science, ni histoire.  Cette affirmation est au sujet de Dieu et ne peut être vérifié par la méthode scientifique (voir vérité [d]).[8]
     Le scientifique se pose la question suivante : « Qu’est-ce qui est arrivé au moment de l’origine de l’univers? »  Il veut analyser les éléments « physiques » de l’événement : les molécules, les atomes, l’énergie, la chaleur, etc.
     Le théologien, pour sa part, se pose une question différente : « Quel est le sens de l’affirmation ‘l’univers a été créé par Dieu’? »  …que nous dit cette affirmation au sujet de la réalité, la vérité de l’univers, au sujet de nous en tant qu’êtres humains… que nous dit la création au sujet du créateur (Psaume 19.2; Romains 1.19-20)?

     Encore là, cette affirmation ne peut non plus être vérifiée par la méthode historique (voir vérité [f]).  Ceci est dû au fait que le texte du 1er chapitre de la Genèse ne s’agit pas d’un texte historique; c.-à-d. qu’il n’est pas composé d’explications d’événements dont l’auteur a été témoin, ou bien des rapports qui se trouvent dans d’autres textes qui ont été consultés par l’historien.[9]
     Aucun témoin.  Personne n’était là au moment de la création de l’univers.  On ne voit nulle part dans le premier chapitre de la Genèse que l’auteur du texte affirme : « J’ai vu… ».  Bien sûr que non; le texte ne prétend pas être une explication journalistique d’un événement quelconque.  Donc, on ne peut vérifier « les faits » de la création à travers la méthode scientifique ou  historique.  Encore une fois, la méthode scientifique est basée sur ce qu’on peut voir, toucher, sentir, etc.
IV.            POUR (BIEN) LIRE LE RÉCIT DE LA CRÉATION
     On a discuté de l’inspiration, de la littérature et des différents types de vérités.  Il reste que présentement, il y a un texte en particulier qui nous intéresse – celui de la Genèse, chapitre 1.  Maintenant, comment bien lire ce texte?  Comment l’interpréter?  Quelles vérités veut-il nous communiquer?
     Inspiration et connaissance.  Quelqu’un dira peut-être que, dû au fait que ce texte se trouve dans la Bible, l’auteur a sûrement reçu une « révélation » de ce qui est arrivé au moment de l’origine de l’univers.  Certains prétendent qu’en inspirant les auteurs bibliques, Dieu leur aurait accordé une connaissance « surnaturelle » au sujet du monde matériel, une connaissance à laquelle leurs contemporains n’auraient pas eu accès.  Selon ce point de vue, on devrait comprendre les affirmations bibliques au sujet du monde matériel de la même façon qu’on comprend les affirmations des scientifiques de nos jours (en donnant priorité aux affirmations bibliques : « la Bible est ‘vraie’, alors que les scientifiques peuvent se tromper »).
     Par contre, il me semble que la Bible ne nous laisse croire que Dieu ait accordé une quelconque connaissance « extra » aux auteurs bibliques.  Comme on a discuté plus haut, le Dieu biblique n’impose pas une connaissance étrangère aux auteurs des Écritures.  Dieu s’est révélé aux hommes qui ont écrit les textes bibliques d’une façon qu’ils pouvaient comprendre et les a inspirés tout en tenant compte de leurs cultures, personnalités, visions du monde, connaissances, limitations, le moment historique et le lieu géographique où ils ont vécus, leurs motivations pour écrire, etc.  Dieu s’est servi des normes « intellectuels » et littéraires de l’époque où les Écritures ont été rédigées pour communiquer son message.
     Les gens du Proche Orient Ancien n’avaient pas les mêmes préoccupations face au monde matériel que les Occidentaux modernes.  Ils ne se posaient pas les mêmes questions au sujet du l’univers matériel et ne disposaient pas des mêmes technologies (télescope, microscope, moteur-fusée, etc.).  Face au monde matériel, les auteurs bibliques n’avaient que de la connaissance « phénoménale » (voir vérité [c] en haut).  Autrement dit, ils observaient le monde qu’avec leurs yeux et ils ont tirés des conclusions basées sur leurs observations.
     Exemple : Josué 10.12-14.  Dans ce texte, on retrouve le récit d'une bataille qui a eu lieu entre les Israélites et les Amoréens.  Josué ordonne au soleil et à la lune de s’arrêter dans leurs trajectoires célestes, donnant ainsi le temps aux Israélites de compléter leur victoire.  À l’époque (comme aujourd’hui), chaque matin on voyait le soleil « se lever » au-dessus de l’horizon oriental et chaque soir on le voyait « se coucher » en-dessous de l’horizon occidental, complétant ainsi sa « course » quotidienne à travers les cieux (voir Psaume 19.5-7).  Maintenant, du moins depuis l’époque de Galilée (17e siècle), nous savons que (malgré les apparences!) le soleil ne bouge pas; au contraire, c’est la planète Terre qui tourne sur son axe, tout en gravitant autour du soleil.  Donc, l’affirmation du livre de Josué n’est pas « vraie » selon les faits scientifiques modernes.  Par contre, on peut dire qu'elle est « vraie » d’une manière phénoménale (pour décrire ce "miracle" dans la terminologie de la science moderne, on dirait que la Terre a cessé temporairement de tourner sur son axe, ainsi prolongeant la durée du jour lors duquel la bataille a été livrée).
     La théologie & l’anthropologie de la Genèse.  Donc, le récit de la création ne nous présente pas une explication scientifique des origines de l'univers.  Au contraire, ce texte est un texte de caractère théologique.  Il nous parle de Dieu.  Il nous parle du sens de l’univers : qu’il est créé, qu’il est bon, qu’il est ordonné, qu’il a une raison d’être, un but, une valeur inestimable.  Dieu a voulu que le récit de la création soit ce genre de texte.  À nous d’accueillir ce texte sous la forme que Dieu nous l’a donné et d’en être reconnaissant.  Aussi, le premier chapitre de la Bible est un texte riche de sens et qui nous invite à explorer et exploiter ses richesses.  Oui, ce récit nous parle de Dieu; mais il nous parle également de l’être humain…
     En fait, les spécialistes du Proche Orient ancien (le contexte géographique du texte de la Genèse) nous disent que le récit de la création a des parallèles dans d’autres textes de l’époque qui nous décrivent la construction des temples.  Dans ces textes, on met tout en place pour l’édification de la demeure d'un dieu, et finalement, on place l’image de ce dieu dans son temple.  Voilà, tout est prêt pour accueillir les adorateurs et de montrer aux fidèles qui est le dieu dont ce temple est la demeure.  Dans le texte de la Genèse, on voit que Dieu crée un univers en 6 jours, et lors du sixième jour, il place son image (l’homme et la femme) au sein de la création pour refléter sa gloire et pour dominer sur l’ordre créé et ainsi assurer son pleine épanouissement (Genèse 1.26-31).

POUR APPROFONDIR LE SUJET...
     Baggini, Julian, Atheism: a very short Introduction, Oxford: Oxford University Press, 2003.
     Berthoud, Pierre, En Quête des Origines, France : Éditions Excelsis & Kerygma, 2008.
     Caird, G.B. The Language and Imagery of the Bible, London: Duckworth, 2002 [1980].
     Charles, J. Daryl, ed. Reading Genesis 1-2: an evangelical conversation, Peabody: Hendrickson, 2013.
     Danziger, Marlies K. & W. Stacy Johnson, An Introduction to the Study of Literature, Boston: D.C. Heath and Company, 1968 [1961, 1965].
     Dawkins, Richard, The God Delusion, New York: Mariner Books, 2008 [2006].
     Dixon, Thomas, Science and Religion: a very short introduction, Oxford: Oxford University Press, 2008.
     Frye, Northrop, The Double Vision: Language and Meaning in Religion, Buffalo: University of Toronto Press, 1991.
     -------------------, The Great Code: The Bible and Literature, New York: A Harvest Book, Harcourt, Inc., 1982.
     -------------------, Words with Power: Being a second study of “The Bible and Literature”, Toronto: University of Toronto Press, 2008.
     Gosselin, Paul, Fuite de l’Absolu (2 volumes), Québec : Samizdat, 2006-2009.
     Harris, Sam, The End of Faith: religion, terror, and the future of reason, New York: W.W. Norton & Co., 2004.
     Hart, David Bentley, Atheist Delusions: the Christian Revolution and its Fashionable Enemies, New Haven & London: Yale University Press, 2009.
     ------------------------, The Experience of God: Being, Consciousness, Bliss, New Haven & London: Yale University Press, 2013.
     Hitchens, Christopher, God is not Great: how religion poisons everything, Toronto: Emblem, 2008 [2007].
     John Paul II, Fides et Ratio (On the Relationship between Faith and Reason), Boston: Pauline Books and Media, 1998.
     Kelsey, Morton T. Myth, History & Faith, New York: Paulist Press, 1974.
     Krauss, Lawrence M. A Universe from Nothing, New York: Atria Paperback, 2013 [2012].
     Lennox, John C. Seven Days that divide the World: the beginning according to Genesis and Science, Grand Rapids: Zondervan, 2011.
     Longenecker, Dwight, The Romance of Religion, Nashville: Thomas Nelson, 2014.
     McGrath, Alister, Science & Religion: a New Introduction, West Sussex: Wiley-Blackwell, 2010 [1999].
     ---------------------. Surprised by Meaning: Science, Faith and how we make sense of things, Louisville: WJK, 2011.
     ---------------------, The Twilight of Atheism, New York: Galilee/Doubleday, 2006 [2004].
     Mitchell, C. Ben, Edmund D. Pellegrino, Jean Bethke Elshtain, John F. Kilner & Scott B. Rae, Biotechnology and the human Good, Washington: Georgetown University Press, 2007.
     Newbigin, Lesslie, Foolishness to the Greeks: the Gospel and western Culture, Grand Rapids: Eerdmans, 1986.
     Oord, Thomas Jay, ed., The Polkinghorne Reader, SPCK & Templeton Press, 2010.
     Paya, Chr. & N. Farelly, sous dir. La Foi chrétienne et les défis du monde contemporain, Charols : Excelsis, 2013.
     Polkinghorne, John, Belief in God in an Age of Science, New Haven & London: Yale University Press, 1998.
     -------------------------, Science and Religion in Quest of Truth, New Haven & London: Yale University Press, 2011.
     Sacks, Jonathan, The Great Partnership: Science, religion, and the search for meaning, New York: Schocken Books, 2011.
     Stefanick, Chris, Absolute Relativism: the new dictatorship and what do to about it, San Diego: Catholic Answers Press, 2011.
     Walton, John H. The Lost World of Genesis One: ancient cosmology and the origins debate, Downers Grove: IVP Academic, 2009.
     Ward, Keith, The Big Questions in Science and Religion, West Conshohocken: Templeton Press, 2008.



[1] Je comprends bien que le premier chapitre de la Genèse affirme bel et bien que la création a eu lieu en-dedans un délai de 6 jours de 24 heures.  Par contre, la question que je me pose est celle-ci : la structure du récit (création en 6 jours), veut-elle décrire ce qui est arrivé actuellement ou bien s’agit-elle d’une figure de style? Dans le cas où on insiste que, dû au fait qu’on discute d’un texte biblique, le texte doit absolument nous décrire ce qui est arrivé au moment de l’origine de l’univers, j’encouragerai le lecteur de ce document de poursuivre la lecture jusqu’à la section où on discutera de « la Bible en tant que littérature » ainsi que la section intitulée « La Bible et ‘la vérité’ ».
[3] Grec: qeopneustos (Théopneustos); littéralement « soufflée de Dieu ».  En fait, nombreux sont les passages bibliques qui parlent du « souffle » (« esprit ») de Dieu (ex : Gn. 2.7; Éccl. 12.7).  Également, il y a un lien étroit dans la littérature biblique entre la notion de « souffle » et celle de « parole » (ex : Gn. 1.3, etc.; És. 55.10-11; Jn. 1.1-4, etc.).  La « parole » de Dieu crée la vie, tout comme le « souffle » de Dieu.  Le don de l’Esprit (grec : pneuma [pneuma]) au peuple de Dieu renouvelé dans le Messie (= l’Église) fait partie intégrale de l’œuvre de la nouvelle création (Ac. 2.1-4; Rm. 8.10-11, 18-23, etc.).
     Il ne faut pas oublier que dans ce passage (2 Tm. 3.16-17), Paul fait référence aux Écritures juives, ce recueil de textes qu’on connait sous le nom de l’ « Ancien Testament » (voir 2 Tm. 3.14-15).  Comme il n’y avait pas du Nouveau Testament au moment où Paul a écrit ces versets, il ne faudra pas voir ici une affirmation au sujet de « la Bible » tel qu’on l’a présentement.  Ceci ne veut aucunement dire que le Nouveau Testament n’est pas inspiré (voir 2 Pierre 3.15-16).
[4] C.-à-d. « au-delà ».
[5] C.-à-d. « proche ».
[6] Entre autre, dans le Temple à Jérusalem, qui est appelé la demeure de Yahvé (voir 2 Chr. 6.2, etc.), là où le Dieu d’Israël réside au sein de son peuple et l’accueil dans sa présence.  D’autres façons, à part sa Parole et le Temple, que le Dieu biblique s’incarne (dans l’Ancien Testament) sont la Loi de Dieu (Torah), l’Esprit de Dieu et la Sagesse de Dieu.
[7] De nos jours, il y a un préjugé qui existe parmi les médias et la culture populaire selon lequel la seule forme de vérité qui « compte » est la forme « scientifique » (empirique).  Donc, on va entendre les gens dire des choses comme « Je crois dans la science » ou bien « Science (et non pas Dieu) va nous donner les réponses ».  Ce préjugé est très présent dans les écrits des « nouveaux athées » ([le fut] Christopher Hitchens, Richard Dawkins, Sam Harris, Daniel Dennett, etc.).
[8] Même si les scientifiques, en se servant d’un accélérateur de particules, réussissent à recréer les conditions du « Big Bang », ceci ne prouveras pas que l’univers n’a pas été créé par Dieu.  Au contraire, ils démontreront seulement quels étaient les conditions au moment de la création, comment Dieu a créé l’univers: http://fr.wikipedia.org/wiki/Acc%C3%A9l%C3%A9rateur_de_particules.  Peu importe les découvertes que feront les scientifiques, ils ne pourront jamais répondre à la question : pourquoi il y a quelque chose plutôt que rien (bien qu'il y en a, comme Lawrence Krauss, qui essaie de le faire)?  Dieu n’est pas une créature à l’intérieur de notre univers dont l’existence peut être niée si les scientifiques arrivent à toute expliquer par les processus « naturels ».  Au contraire, Dieu est le fondement même de l’existence, celui par qui et en qui toutes choses subsistent (Colossiens 1.15-17, où l’apôtre Paul parle du Fils [Jésus]).
[9] C.S. Lewis, un des plus grand apologètes de la foi chrétienne du 20e siècle, a dit quelque chose qui peut nous aider à ce moment-ci : « Je crois dans le christianisme de la même façon que je crois que le soleil s’est levé; non seulement parce que je peux le voir, mais parce qu’à cause de lui, je peux tout voir. »  Quelle belle phrase!  En tant que chrétiens, on ne prétend pas avoir tout compris en ce qui concerne la foi chrétienne, la Bible, l’incarnation du Fils, la trinité, etc.  Non, on affirme plutôt que le message de la Bible nous pourvoit une façon de comprendre le monde, la vie, la réalité, le pourquoi

Comments

  1. Mais la Genèse soutient la science et la méthode scientifique!
    Veuillez regarder cette discussion par Astophysicist Hugh Ross
    https://www.youtube.com/watch?v=J8bxxqytndg

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